OUATE ET VERRE

OUATE ET VERRE

14.5.12

croissants au four

deux croissants au four
bonheur

5.5.12

comment font les menteurs

comment font-ils
ces menteurs

pour glisser
leur main
dans nos poches

nous sursurrant
des mots sucrés

comme une abeille
qui raconte des tendresses
à l'oreille du lilas
mais qui repart
quand même
avec son butin

3.5.12

cynicisme

c'est le moustique
qui te pique
lors d'une prise de sang

la morsure du chien
que tu essaies de sauver

c'est la larme qui fait
déborder la tasse
d'où fuyait déjà 
le café

le cure-dent
qui devrait te servir
de cuirasse

c'est le bleu
qui prend toutes les couleurs
de l'arc-en-cil

le cafard
qui vit en dépit
des fumigations
qui te font
tousser
à mort

2.5.12

A TRUE STORY

Pour Mil et une :


La classe ricana.

Mr. Johnson venait bien de dire « Flying BUTTresses ».  Hahaha, butt, c’était les fesses, on voulait bien les voir s’envoler, hahaha.

Moi, je les entendais vaguement.

Je pensais à la merveille que le prof de français venait de présenter.

J’imaginais mal ce que c’était, que le poids de toutes ces pierres repartait par ces structures que je trouvais absolument – envoûtants, quoi.

Il me fallut encore deux ou trois ans pour apprendre qu’on les appelait, en français, des arcs boutants.

Un arc boutant ! Même leur nom était joli, ces filaments de dentelle en pierre.

Fascinant, l’idée du poids reparti dans l’air, grâce à des arcs-en-ciel de granit.

Des arcs boutants !

Deux ou trois années plus tard,  j’étais, pour la première fois à Paris. 

Je pensais encore à Mr. Johnson, qui nous disait toujours « WHEN you go to France. » et non pas « IF you go to France ».  Jamais « Si vous allez en France ». Toujours « Quand vous irez en France ». 

Je le trouvais bien naïf. Ma famille était pauvre. Nous ne voyagions jamais. Je savais que je n’irais jamais à Paris, ou bien, peut-être un jour quand j’étais trop vieille pour l’apprécier.

Mais bon, c’était moi la naïve.

Je m’en rendis compte ce premier jour où j’étais à Paris.

Puisque je m’étais promptement perdue dans le métro, je ressortis vers le jour et le chauffeur de taxi me dit qu’il voulait bien m’emmener où j’allais, mais qu’il s’agissait juste de quelques petits kilomètres. Je lui dis que s’il voulait bien m’y emmener, je voulais bien lui payer pour le privilège…

Et dans quelques secondes, le taxi passa juste devant ces étonnants arcs boutants.

Je ricanai de fatigue et puis de joie en voyant le miracle du granit et de la dentelle, celui du poids distribué à travers de quelques petites années et de plusieurs longs siècles.

Merci à Google Images pour la photo.