OUATE ET VERRE

OUATE ET VERRE

31.1.12

to don't list

ne pas ceci
ne pas cela
et puis, ben, ça
ça attendra

30.1.12

al-qabdah

Elle est allée au mur
Pour faire ses lamentations.
Le mur l'a regardée
Et puis lui a dit :
Tu gaspilles ton temps.
N'as-tu pas vu
que je suis fait de pierre ?

29.1.12

C'est méchant

c'est méchant 
de se moquer
des fées
auto-proclamées

et
pas du tout charitable
de faire remarquer la poussière
sur leurs ailes
miteuses,
les parties
dénuées
de leur bâtons magiques
portant des bosses
et un peu de rouille

elles qui font tant
pour sauver
le monde,
elles ont à peine
le temps
de
s'auto-fée-liciter

oui,
c'est méchant 
de se moquer
des fées
auto-proclamées

t'as pas honte ?

28.1.12

AU VOLEUR

Pour En vos mots :

Tableau par Carlo Vighi

Je lui ai demandé de s'installer sur le mur, la fille qui venait de me demander si j'avais du feu.
Je lui ai dit non, et puis je lui ai demandé si elle ne voulait pas bien poser pour moi.
Je lui ai fait enfiler le manteau que j'avais apporté.
Plus tard, je m'occuperais des livres, d'un violon, d'un arrière-plan improbable au tableau.
Ce genre de choses plaît aux gens. Dieu seul sait pourquoi.
Elle me regardait attentivement.
Je savais qu'elle avait faim.
Le temps que je faisais mon sketch, elle tremblait.
Elle n'était pas sûre de son argent, l'argent que je lui avais promis, je me disais, mais j'ai continué à dessiner.
J'ai décidé qu'elle s'était sans doute fait avoir par d'autres hommes qui lui avait promis des choses.
Ses cheveux étaient gras. Je me demandais vaguement quand et où elle a pu se baigner.
Ses joues étaient creuses, sa peau un peu blafarde.
Je me demandais si elle n'était pas un peu malade.
Pendant deux ou trois minutes, je jouais avec l'idée de l'inviter chez moi après.
Et puis j'ai décidé que non.
Quand j'étais plus jeune, je risquais moins à faire rentrer une telle fille chez moi.
Non, cette partie de ma vie était terminée.
Je m'étais habitué à mes conforts.
Je craignais qu'elle reparte avant que je termine son regard sur ma toile.
Mais comme vous pouvez voir, elle y est restée le temps que je termine.
Elle a vite empoché les deux billets que je lui ai tendu.
Et puis elle s'est sauvée, portant le manteau que je lui avais donné pour le portrait.
Je me contentais de l'imaginer enfin protégée contre le froid qui arrivait.
Le lendemain, quand ma bonne est arrivée, elle m'a dit qu'elle avait vu mon manteau au mont-de-piété, et s'exclamant contre le culot des cambrioleurs ces jours-ci dans ce bas monde, elle s'est mise à examiner mes affaires pour voir si l'on ne m'avait pas volé d'autres choses.

subtil

comme une boîte de marteaux

C'ÉTAIT PEUT-ETRE UNE JOURNEE PARFAITE

Pour le Défi du samedi :

C’était peut-être une journée parfaite : soleil, ciel bleu, chaleureux, un jour de printemps embaumé, un de ces jours où il fait bon vivre, je ne sais pas, je ne m’en souviens pas.
Et pourtant,  je me souviens très bien du film que monsieur Kunzman allait passer au cours de physique. Il nous a dit que le film venait d’être déclassifié par le gouvernement et que nous n’allions pas croire ce que nous y voyions.
Il a baissé les stores, descendu l’écran qui pendait du plafond, et puis il a éteint la lumière, et il a mis le projecteur en marche.
Film en noir et blanc.
Cela ne risquait pas d’être très intéressant.
En fait, c’était d’une banalité extrême : des tas de pierre, des ruines, des cendres, de la fumée, un gros champignon, oui, tout ça, on connaissait la chanson, des photos d’après-guerre, oui, on les avait toutes vues.
Jusqu’à la partie où l’on voyait passer devant nos yeux des gens, des fantômes vivants, brûlés comme des rôtis mal cuits ; une dame qui porterait pour toujours les carreaux de son kimono gravés sur sa peau nue ; un enfant méconnaissable, comme une poupée géante de chiffon sali. Des images tellement choquantes qu’on ne devait pas les montrer au public qui les avait subventionnées, un public qui avait vivement approuvé cette action.
Et puis, une dernière image. Une tâche noire, fixée sur la pierre blanche comme des os. Une tâche noire qui avait – si l’on regardait assez bien – la forme d’un être humain, sans doute une dame habillée en noir, vaporisé dans un éclair si fort, si aveuglant que rien n’a pu y survivre, à part son ombre.
C’était peut-être une journée parfaite : soleil, ciel bleu, chaleureux, un jour de printemps embaumé, où il fait bon vivre, je ne sais pas, je ne m’en souviens pas, ce jour où monsieur Kunzman a trouvé bon de lâcher une bombe sur un groupe d’adolescents qui ne se doutaient de rien.
hiroshima
Merci à http://www.gensuikin.org pour l'image.

26.1.12

Mes oignons

Mes oignons feraient pleurer autant que ceux d'un autre, si je les étalais devant tout le monde.  Je suis toujours surprise par les marchands d'oignons qui pensent qu'ils ont les larmes en exclusivité.

CAILLOU

Pour Un mot. Une image. Une citation.

Photo (c) suzanne  http://photos-promenade.be/

Depuis le temps que mon frère avait visé cette lampe avec des cailloux, il n’était pas encore arrivé à la briser. Quand je lui proposai qu’il y lance une brique, il me fila une de ses gifles brevetées, et j’avais l’oreille qui bourdonna pendant trois jours. A partir de ce moment-là, je me contentais de le regarder sans rien dire. Patiemment.

C’est ainsi que je passai mon enfance, à regarder en silence mon frère tenter l’impossible. Oui, c’était défendu, oui, on allait payer cher un crime éventuel, mais le défi était plus fort que nous. C’était son voyage dans la lune, son escalade d’Everest. Un moyen de passer les soirées où ni papa ni maman ne rentraient de leur boulot.

Un jour, c’était mon frère qui ne rentra pas. Je me dis que cela voulait dire qu’il était grand, comme papa et maman, qu’il ne reviendrait plus de son boulot le soir. Que je pouvais enfin donner de mes conseils dans la rue pour casser les lampes et éteindre la lumière dont profitait tout un chacun sans la mériter.

Quand je sus enfin ce qui lui était arrivé, je quittai la maison en hurlant. 

J’allai sous ce putain de lampadaire, et je le cassai avec mon premier caillou.

Tant de tragédies, si peu de souffrants

Lorsqu'on marche sur les oeufs d'autruche, on n'écrase pas les coquilles, mais on se tord les chevilles, on tombe et on se noie dans les jaunes.

25.1.12

Réussite

Ce n'est pas la chute mais
ce que tu fais pour te relever après
qui compte.

22.1.12

C'est ce coquin de Marcel Proust qui a dit...

Il n'y a rien comme le désir pour empêcher les choses qu'on dit d'avoir aucune ressemblance avec ce qu'on a dans la pensée. 

Mais ! Comment savait-il ce que j'avais dans la pensée ?

Commentaire chez lautreje

Le bonheur n'est pas dans le pré
Mais entre nos deux oreilles.

21.1.12

titanique

se faire entendre
c'est une lutte
un combat
c'est la guerre
des nerfs
de ne pas lâcher prise
ne pas rester soumise
aux vagues des mots
qui font des flots
 des icebergs gros
et meurtriers

20.1.12

mal au coeur

je tends la joue
pour un bisou
et claque

chapeau

j'aurais eu plus de chances
avec une langue de boeuf
sauce-piquante

elles sont molles
et faciles à digérer
elles ne se font pas
des airs

je tends alors 
peut-être
un jour
l'assiette

et je veille 
sur mes propres joues 
tendres

19.1.12

Plage

Partout des naufragés
Et des corps qui bronzent

18.1.12

Papillon

Pour qui te prends-tu,
Quel droit as-tu de me regarder ?
Pardon, lui ai-je dit
En essuyant le crachat
De mon oeil

16.1.12

il pleure dans mon coeur /comme il pleut sur une souche

il pleure dans mon coeur 
comme il pleut sur une souche
quelle est cette langueur 
qui pénètre dans ma douche
c'est l'est, et Juliette est le soleil
ce serait le moment de la shampooer
pour que ses mots passent par
le fond de l'évier

bloupe

top secret info, tu balances, on devra te tuer

La cerise est une drupe.

Oui au pyjama

Oui au pyjama
Non aux jupes
Oui aux femmes
Qui ne sont pas dupes

15.1.12

Calme

La vie est un long fleuve tranquille et j'ai échangé mon speedboat contre un dinghy.

12.1.12

jeudi matin

SOMEBODY THAT I USED TO KNOW (ma traduc des paroles)

 

Now and then I think of when we were together
Des fois je pense à l'époque où nous étions ensemble
Like when you said you felt so happy you could die
Comme quand tu as dit plus heureux que ça, je crève
Told myself that you were right for me
Me suis dit qu'on était faits l'un pour l'autre
But felt so lonely in your company
Mais me sentais si seul dans ta compagnie
But that was love and it's an ache I still remember
Mais c'était ça l'amour et c'est une douleur dont je me souviens encore

You can get addicted to a certain kind of sadness
On peut devenir accro d'une certaine forme de tristesse
Like resignation to the end, always the end
Comme se résigner jusqu'au bout, toujours au bout
So when we found that we could not make sense
Alors, lorsqu'on a su que nous ne pouvions pas en construire un sens
Well you said that we would still be friends
Ben, tu as dit qu'on serait toujours amis
But I'll admit that I was glad that it was over
Mais j'avouerai que j'étais content que cela fût fini

But you didn't have to cut me off
Mais ce n'était pas nécessaire de rompre absolument
Make out like it never happened and that we were nothing
Faire comme si cela n'est jamais arrivé, que nous n'étions rien
And I don't even need your love
Et je n'ai même pas besoin de ton amour
But you treat me like a stranger and that feels so rough
Mais tu me regardes comme un étranger et cela me semble dur
No you didn't have to stoop so low
Non, tu n'étais pas obligé de te pencher si bas
Have your friends collect your records and then change your number
Envoyer tes amis pour chercher tes disques et puis changer de numéro
I guess that I don't need that though
J'imagine que je n'en ai pas besoin de ça
Now you're just somebody that I used to know
Maintenant, tu n'es que quelqu'un que je connaissais

Now you're just somebody that I used to know
Maintenant, tu n'es que quelqu'un que je connaissais

Now you're just somebody that I used to know
Maintenant, tu n'es que quelqu'un que je connaissais


[Kimbra:]
Now and then I think of all the times you screwed me over
De temps en temps, je pense à toutes les fois que je me suis fait avoir
But had me believing it was always something that I'd done
Mais tu m'as toujours fait croire que c'était moi qui avait fauté
And I don't wanna live that way
Et je ne veux pas vivre comme ça
Reading into every word you say
Lire quelque chose dans tout ce que tu dis
You said that you could let it go
Tu as dit que tu pouvais laisser tomber
And I wouldn't catch you hung up on somebody that you used to know
Et que jamais tu n'aimerais quelqu'un que tu connaissais
[Gotye:]
But you didn't have to cut me off
Make out like it never happened and that we were nothing
And I don't even need your love
But you treat me like a stranger and that feels so rough
And you didn't have to stoop so low
Have your friends collect your records and then change your number
I guess that I don't need that though
Now you're just somebody that I used to know

Somebody
Quelqu'un
(I used to know)
Que je connaissais
Somebody
Quelqu'un
(Now you're just somebody that I used to know)
Maintenant, tu n'es que quelqu'un que je connaissais
 

11.1.12

et tu as fait quoi pour moi récemment ?

oui, tu t'es donné beaucoup de mal
pour moi
oui, tu as fait des sacrifices
afin que je vive mieux
oui, tu restais dans les ombres
afin que je brille davantage
mais qu'as-tu fait pour moi

récemment

9.1.12

ADÉU CARME

Pour Un mot. Une image. Une citation. :
Esperant par Julio Romero de Torres


adéu, carme
j'entendrai longtemps
ton chant

celui de notre rencontre
celui de notre amitié,
de notre amour,
de notre complicité
le chant de mon fils
dans ton ventre
et, en suite, les deux petits
refrains

no me espera
ne m'attends pas
ne m'espère plus
je ne reviendrai pas

j'ai entendu le chant
du tambour, des canons
j'ai entendu le chant
du sang des hommes

adéu, carme
j'entendrai longtemps
ton chant
aussi

Mon commentaire chez caro

Entre livre et l'îvre, il n'y a qu'une différence d'accent, et une apostrophe. - joye

6.1.12

Ça m'emmerde !

Oui, c'est toujours la faute à quelqu'un, toutes ces histoires.

Quelqu'un qui a oublié de penser aux oubliés.

Et les oubliés, à qui pensent-ils, à part eux-mêmes ?

Ont-ils une fois pensé à moi ?

Non.

Alors, désolée, je ne mange pas de ce pain-là.

Ça m'emmerde.

5.1.12

Sous-vide

comment tu fais 
pour répondre dans le vide
une caresse qui se perd, 
le grand silence qui suit
deux haricots dans le même bocal
l'un et l'autre se regardant 
en se demandant
pourquoi

comment tu fais 
pour répondre dans le vide

ce n'est pas de ta faute
ni de la sienne
c'est la vie qui a voulu cela
faire de ces deux pantins
deux étrangers

comment tu fais 
pour répondre dans le vide

dans le non-dit
ben, voilà :
tu relèves la tête et tu dis

c'est encore moi qui attends
que tu dises 
un truc

mais comment tu fais
pour me laisser ainsi