OUATE ET VERRE

OUATE ET VERRE

31.3.11

Bisou !

inspirée par une photo chez brigetoun

Lorsqu'il s'agit de guérir
Il ne faut pas retenir
Son meilleur sourire,
Un baiser en délire...
C'est ainsi qu'on respire
L'odeur du fou-rire. 


30.3.11

Martyre

Le rouleau et le seau m'attendent. 
Pour mon crime, je suis condamnée
À peindre les murs du sous-sol,
Les murs qui m'attendent, qui m'accusent
De négligeance.

Je mettrai ma chemise de poils
Qui grattent, ma couronne d'épines
(ça en jette)
Je porterai mon échelle
Comme une croix
Et une fois la torture terminée,
Je sourirai, tâchée de blanc
Mais béate.

29.3.11

C'est fatiguant

Je marchais sur des oeufs et on m'a quand même bottée du nid.

28.3.11

imaginez sans

imaginez
sans larmes
sans claques
sans coups de férule

imaginez
sans faim
sans peine
sans coups de lapin

imaginez
sans sanglots
sans sabres
sans sueur

imaginez
sans
imaginer

27.3.11

C'était un 27 mars, un mardi

C'était un 27 mars, un mardi. Je sais que j'avais mangé du jambon vers 13 h. Et des légumes. Je sais que tu portais encore tes vêtements de travail, que tes ongles étaient encore noircis de ta nuit passée à l'usine. Je sais que tu as souri aux deux petites filles installées à la table à côté. Je ne me souviens pas que tu aies parlé de Jésus. Ça, c'était jeudi. Tu racontais l'ami suicidé, celui qui sera au piquet au Paradis. Tu parlais des bijoux qu'on a vus au moment de la mort d'un autre. Tu m'as regardée curieusement quand je t'ai demandé si ta religion permettait que les suicidés fussent admis au Paradis, et tu t'es mise à parler des Chrétiens, comme si tous les Chrétiens du monde pensaient exactement la même chose. Je me souvenais du jour où je t'ai dit que je ne comptais pas aller au Paradis, mais que je pariais que le Saint Pierre allait lui permettre de venir me voir et me rafraîchir par le battement de ses ailes à elle.

26.3.11

Enfant

La Renée
Sent des pieds

Et Fanfan
Sent des dents

Et Avril
Sent du nombril

Et Lulu
Sent du vécu

Claque ! Claque ! Claque ! Claque !

Et Menée
Sent des mieds

Et Maman
Sent des....

Claque ! Claque ! Claque ! Claque !

Et Benée
Chlent des bieds

Et Banban
Chlent des nents

Et Afril
Chlent du mnomfril

Et Lulu
Chlent des Schleuhs...

Claque ! Claque ! Claque !

Pan !

25.3.11

facebook

aime-moi, commente-moi, vis ma vie
je n'ai pas le temps de faire pareil pour toi

24.3.11

Anniversaire

Disparu de mon monde, mais pas du tien, j'espère,
Je te souhaite un très joyeux, joyeux anniversaire.

23.3.11

Imagination

Il a dit ...
Et elle a dit ....
Et puis il a ....
Et elle a ....
Et ils ont ...
Jusqu'à ....

22.3.11

Mouchoir

Pour

Les larmes
Les morves
Les crachats
Le sang
La sueur

La pluie

La déception
La tristesse

Mais jamais
Au plus grand jamais

Le bonheur
La joie
Les chants

Du coeur.

21.3.11

Pansement

Les accusations ont été échangées,
La baume appliquée,
Le pansement bien étalé,
Mais la blessure suppure
Et s'ouvre de nouveau.

Et le pus a toujours été là,
Juste en dessous de la surface.

20.3.11

Pour Berthoise

Je ne sais pourquoi j'allais manger
Chez le roi Henri Huit
Son manteau ressemblait à une haie
Et son visage à celui d’une truite

Comment ne pas perdre la tête,
Serrée par ce gros saucisson ?
Car l'on croit toujours
Aux  gros mots d'amour
Quand ils sont dits par un roi con !
Elles, qui l'aimaient tant,
Ont fini toutes les six en mourant
Deux de divorcées
Deux dé capitées
Deux en enfantant !

Sans s’essuyer la bouche, il gobait
Un  rôti, puis un autre
Belle fourchette, chaque fois qu'il mâchait,
La sauce partout, ça m’étonnait !

Comment ne pas perdre la tête,
Serrée par ce gros saucisson ?
Car l'on croit toujours
Des gros mots d'amour
Quand ils sont dits par un roi con !
Elles, qui l'aimaient tant,
Ont fini toutes les six en mourant
Deux de divorcées
Deux dé capitées
Deux en enfantant !

Mais hélas, à Saint-Jacques, les coquilles
Se mangent sans le beurre
Et le boudin était tellement gras
Que j’ai eu un bon mal de cœur

Comment ne pas perdre la tête,
Serrée par ce gros saucisson ?
Car l'on croit toujours
Des gros mots d'amour
Quand ils sont dits par un roi con !
Elles, qui l'aimaient tant,
Ont fini toutes les six en mourant
Deux de divorcées
Deux dé capitées
Deux en enfantant !

Il ne mange plus
C'est avalé
Indigestion


18.3.11

Pour zig

On ne doit rien à personne

On ne doit rien à personne
Ni les sous, ni les bisous
Même pas un coup de téléphone
On ne doit rien à personne
Dis, peux-tu me filer du fric ?

Non, rien !
Rien, rien, rien !
Non, rien !
Je n'ai rien dit, moi !

On ne doit rien à personne
Ni la main ni le pouce
Ni une grande rescousse
On ne doit rien à personne
Dis, peux-tu m'prêter ton Bic ?

Non, rien !
Rien, rien, rien !
Non, rien !
Je n'ai rien dit, moi !

On ne doit rien à personne
Ni l'amour ni la haine
Ni la moindre rengaine
On ne doit rien à personne
Dis, t'aurais pas d'arsenic ?

Non, rien !
Rien, rien, rien !
Non, rien !
Je n'ai rien dit, moi !

17.3.11

L'Irlandaise de l'Amérique

Lila Harris
Une femme comme moi
Née dans la ferme
Solide comme du bois

Lila Harris
Le ciel dans tes yeux
Les roses dans tes joues
Le soleil aux cheveux

Laï, laï lalère...

Lila Harris
Mère de famille
Tu as fait mon papa
Et donc moi, sa seul' fille

Lila Harris
Ton coeur fut trop grand
Tu as quitté mon père
Quand il avait treize ans

Laï, laï lalère...

Lila Harris
Je te vois dans la glace
J'ai eu ton visage
Ton sang et ta grace

Lila Harris
Étrangère blondine
Je connais ton coeur
Il bat dans ma poitrine

Laï, laï lalère...
 Ah, ma grand-mère !

16.3.11

Sans prix

Tout le monde doit apprendre cette leçon quelque part -- que cela vous coûte quelque chose d'être qui vous êtes. - Shirley Abbott

15.3.11

Le fabuliste et sa muse

Une princesse qui vivait dans un château...
Mais c'est vraiment banal, il faut faire plus beau !
Alors, disons que c'était une grenouille...
Dans un château ? Mon dieu ! Quelle nouille !
Une grenouille qui vivait dans un marais...
Voilà qui est bon et bien démarré !

Alors la grenouille avait un amant...
C'est bien, ça avance, c'est qui le galant ?
Un crapaud  gonflé mais quand même moins vert...
Un crapaud gonflé ? À quoi est-ce qu'il sert ?
Il jouait du banjo au-dessous du balcon...
De la grenouille ? Mazette ! que c'est con !

Le crapaud lui chantait de douces ballades...
Mais arrête ce bruit, j'en deviens malade !
La grenouille chantait ses airs tout plaintifs
Qui rendaient le crapaud quasi-jouissif...
Mais ! De pire en pire ! Ça devient précaire
Il faudra finir ces dégâts littéraires !

Je m'en lave les mains, écris comme tu veux !
C'est mauvais ! Affreux !  Je m'arrache les cheveux !
Ils vivaient heureux jusqu'à un jour de fête
Où madame crapaud leur a cogné la tête
Avec sa grosse poêle dans laquelle a fait frire
Les cuisses de la grenouille aux oignons de son sire.

Moralité :

Pour vous qui jouez aux amants amphibiens,
Restez dans les eaux qui cachent combien,
Car le poète en tirera sa vengeance
En écoutant une muse sans élégance.

14.3.11

Gimnasia para mi lengua

Cuando cuentes cuentos, cuenta cuantos cuentos cuentas cuando cuentas cuentos.

13.3.11

Dicton hollandais

Qui me donne m'apprend à donner.

12.3.11

LES PETITS OISEAUX DU PRINTEMPS


C’était son dernier billet et tout ce qui lui restait à part quelques pièces. Philippe le refourra dans la poche de sa veste démodée et un peu sale aux pans effilochés.

Demain, il irait encore chercher du travail, faire sa demande, regarder droit dans les yeux tous ceux qui le refuseraient encore, le mépris à peine caché dans leurs yeux.  

Mais aujourd’hui, un beau dimanche de printemps, il allait manger.

Manger. Rien que le mot lui mettait de l’eau à la bouche.

Il se souvint de son dernier repas, il y eut deux ou trois jours, à un resto de cœur dans un autre quartier. Philippe n’avait plus le courage d’aller à celui à deux pas du grenier où il logeait. À ce resto-là, on commençait à l’appeler par son prénom. Il ne supportait pas ça.

À l’autre, il y eut du cassoulet et du bon pain. Une bouteille d’eau. Une poire un peu brunie, certes, mais douce et fondante sur sa langue. Et même, un exprès correct.

Philippe n’osa plus penser au café, le café était trop cher. Le matin, il but un bon verre d’eau du robinet et s’en félicita. L’eau remplissait son estomac vide, s’il en buvait assez.

Il toucha le billet encore dans sa poche et fit des calculs. Il pourrait prendre un steak frites dans un vrai bistro, et l’arroser d’un ou deux  modestes ballons de rouge. Il mangerait comme un homme, quoi. Pour la première fois depuis longtemps...

Il avala et marchait un peu plus vite. C’était le printemps, oui, mais le vent lui mordillait un peu les oreilles, et les rendaient une couleur qu’on appelait rouge furieux. Heureusement que ses cheveux les recouvraient. Personne ne penserait qu’il venait de prendre une cuite.

Arrivant jusqu’à la brocante du quartier, près de la gare, Philippe ralentit ses pas. Il aimait regarder. Les choses ne lui donnaient pas faim. Il pouvait les regarder sans envie et avec une curiosité naturelle et impartiale. 
Passer devant une boulangerie, par contre, c’était bien plus difficile. Ça, c’était de la torture.

Donc, il prit son temps, flâna délibérément, comme s’il avait l’intention d’acheter. Quelques meubles poussiéreux, des assiettes ébréchées, une drôle de cloche qu’il imaginait fraîchement arraché du cou d’une vache par des larrons campagnards…

Philippe sourit.

Il n’aurait pas dû.

D’un coup, il sentit que quelqu’un tirait sur son pantalon. Il se retourna et la vit, une très petite fille brune, habillée d’un grand sweat troué, d’une jupe crade et des tongs usés.

- Oui ? lui dit-il, enfin.

- Acheter.

Sa petite voix n’était pas plus forte que celle d’un oiselet dans son nid.

Irrésistible.

- Acheter quoi, ma petite ?

Elle lui tint un petit poing crasseux.

- Qu’est-ce que t’as là, ma belle ?

La petite fille ouvrit lentement sa main. Sur sa paume restait une bille bleue et verte.

- C’est quoi, ça ? Une bille ?

Elle hocha la tête, le fixant avec ses grands yeux noirs.

- C’est très joli, tu sais.

Philippe se retourna pour repartir. Son estomac lui rappelait cruellement le steak-frites promis.

- Acheter ! vint encore le pépiement.

- Oh, je voudrais bien, ma chérie, mais, tu vois, je n’ai pas d’argent !

Il se pencha et la regarda dans les yeux, où il vit quelques larmes prêtes à s’échapper et jaillir sur ses petites joues maigres. Il l’examina de plus près. C’était évident que la petite crevait lentement de faim.  Combien de temps faudrait-il avant qu’une petite fille meure de faim ? Un mois ? Deux ? Combien de temps lui restait avant que ses petites jambes ne la portaient plus ?

Philippe se redressa encore. Après tout, il n'en était pas fier, mais lui aussi, il avait faim...

Il rentra quelques heures plus tard. Un crachin fin avait mouillé sa veste, ses souliers et ses cheveux grisâtres. 

Il enleva la veste et la drapa sur la chaise cassée près de l’évier.

- Ah oui, un bon verre d’eau, pensa-t-il.

Il chercha son verre sur la table, à côté du vieux bocal qui contenait ses dernières pièces.

Son verre rempli d’eau, Philippe sortit la bille bleue et verte de la poche de sa veste et la plaça doucement dans le bocal.

Et puis il but goulûment, le chant des petits oiseaux du printemps plein les oreilles.

11.3.11

Mais où ?

Mais où va l'amour quand il meurt,
Sur quelle tombe peut-on lui laisser une fleur ?
Quelle prière fait-on pour son âme ?

Parfois, on lui consacre un drame,
Parfois, juste un silence infame.
Mais où va l'amour quand il meurt ?

10.3.11

Citation du jour, bonheur

La vie est comme un oignon. On l'épluche, une feuille à la fois, et parfois on pleure.
- Carl Sandburg

9.3.11

Éclair tamisé

On ne retient pas les graines miniscules
D'une fausse amitié qui filent par les petits trous
De vérité.

Après le drame, le beau temps --
Un autre jour, une autre hypocrisie.

Garde tes larmes pour les crocodiles.
Eux au moins sont sincères 
Quand ils te sourient,
L'eau à la bouche.

8.3.11

Les dit-on du jour

***

Poêle qui brûle, coup de férule
Poêle qui cuit,  et alors ?

***

Un coup de balai au plancher en vaut deux sur la tête.

***

Ne réveillez pas l'eau qui dort
Même pour noyer un chien enragé.

***

Plus on est de franc, plus on franchit.

***

Tendez toujours  la main aux autres. S'ils mordent, c'est que vous avez bon goût.

***

Lors d'un dialogue de sourds, n'oubliez pas de faire signe.

***

Bien faire et laisser taire.

***
Qui va à la chasse verra des chiens.

***


7.3.11

In fatis

Me revoici encore
La vilaine de l'histoire
D'un non-amour

Amène-moi un chaton
Que je le flingue

6.3.11

bombe

nous vivons une époque 
où les gens excédés
s'explosent
et s'éclatent, 
laissant des morceaux 
de peau et de coeur et de cerveau
collés contre le béton et la terre
et notre peau à nous, 
expliqua-t-il,
s'essuyant les mains rouges de sang

ces gens sont fous
peut-être un peu plus
que nous 
les éclaboussés
survivants

mais bon,
il a toujours fallu de peu
pour marcher sur les mines
d'autrui

5.3.11

Savoir-faire

Tout ce qui compte, c'est ce que tu apprends après que tu sais. - John Wooden

4.3.11

Citrouilles

Nous aimons à penser que tous les hommes sont des individus. Les citrouilles le sont aussi, et pourtant, chaque citrouille au champ appartient à chaque instant de l'histoire des citrouilles. - Ralph Waldo Emerson

3.3.11

Pour plaire

Fais comme je veux, pas comme je fais.

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2.3.11

À fleur de peau

J'étale mes pétales
Devant ceux qui passent
Avec de l'herbicide.

1.3.11

Et comme cerise sur le gâteau

Ce bonbon de Montaigne (Essais, De l'incommodité de la grandeur, Essais Livre III, chapitre vii) :

Car on ne tombe pas de toute hauteur, il en est plus, desquelles on peut descendre, sans tomber. 

Cirque de ceviche

D'après une chanson par Edgar Cruz

Dis, 
prends ton temps
T'as le temps
Bien du temps
T'as le temps
Largement
Avant de monter sur la corde

Funambule
Désambule
Somnambule
Te retournant
Là-haut dans le ciel
Au-dessus de nos cous 
Tendus
Tu nous étonnes
Nous désarçonnes
Nous aiguillonnes

Mais...
Nous nous retenons
Oubliant de respirer
Pendant que tu danses
Là-haut dans le ciel

Tu fais comme l'ange
Sans ailes
Ta danse du diable
Sur la corde

Et puis...
Tu fais semblant de trébucher
Juste pour le plaisir
D'entendre le grand OH
De la foule

Le sourire au coin des lèvres
Tu relèves la barre
Qui flotte entre tes mains poudreuses

Les gouttes de sueur sur ton front
Invisibles
Pour nos yeux grands ouverts
Fixés sur le miracle
De ces pieds qui grimpent
Sur l'air
D'un cirque

Alors, dis,
Prends ton temps
T'as le temps
Bien du temps
T'as le temps
Largement
Avant de retomber par terre