OUATE ET VERRE

OUATE ET VERRE

31.1.11

Lacune

Les espaces sont pour combler...par la joie, par le bonheur, et parfois par un petit silence.

30.1.11

Flagada flagrante

Ça me fatigue,
la tragédie prodigue.

Le sac de poubelle qui fait voir
noir,
oui, on a compris.

La vie est une série de fléaux, de drames,
d'amertume qui mange les popcorns de nos âmes,
oui, je sais,
mais...

L'éléphant de tristesse bouffe les marguerites de ta joie ?
Qu'est-ce qu'on soooooooooooooooouffre, on devrait faire une loi ?
Les flèches de mortalité nous poursuivent comme...des flèches ?
Il y a des punaises dans tous les squats où tu crèches ?

Oui, oui,
je vous suis,
c'est gratte-tuit.

Mais sachez que ça me fatigue,
la tragédie prodigue,
ça me gave comme une oie,
ma foi.

Alors, lâchez un peu ce tonneau
avant qu'il ne soit
trop tard.

29.1.11

DU BANC EN BAS

Le parfum de ces roses me fera toujours penser à elle, ma puce.
Je sais que je te l'ai déjà racontée mille fois, mais je prends plaisir, comme tu le sais si bien, à me rappeler…
Le matin, lorsqu'elle ouvrait discrètement les volets, je la devinais en train d’étirer les bras. La jeune veuve baillait, soupirait, et peu après, je sentais son café, prêt à boire. J’imaginais la fumée autour de sa tête, ses tendres lèvres posées prudemment au bord du bol.  

Quelques minutes après, elle venait fumer une seule cigarette au balcon, calmement, délibérément, avant de commencer vraiment sa journée.
Le dimanche, en bas de sa fenêtre, et ensuite sur le même banc en face,  j’attendais sentir le parfum de ses cheveux, fraîchement lavés, qu’elle faisait sécher au soleil. Parfois, en les peignant, elle fredonnait légèrement une petite mélodie insouciante.
Dans la fraîcheur exquise du soir,  je pouvais encore l’entendre à l’intérieur, parfois chantant, parfois riant. La musique de sa voix s’évadait comme un joyeux réchappé d’un pénitencier, se faufilant et tombant sur mes oreilles avides et solitaires dans l’obscurité. J’aurais volontiers pris leur place auprès d’elle, tout près de cette bouche convoitée…

Chaque soir, le crépuscule s’annonça dans le doux claquement de ses volets. 
Mais moi, enveloppé par le velours nocturne, restais toujours encore un peu en bas, à revivre tous ces petits moments de la journée, illuminés de plaisir…

- Et elle était comment, Papy ?  murmura la petite fille à mes genoux.

- Je n’en sais rien, ma puce, tu sais bien que je ne l’ai jamais vue.

- Oh, soupira-t-elle, c’était alors après…

- Oui, ma puce, bien après.

Je lui caressais la tête. Ses boucles lisses sous mes doigts faisaient répandre une vieille, douce chaleur dans ma poitrine. J’entendis sa respiration régulière qui me disait qu’elle s’était endormie.  

Déplaçant un peu son peu de poids doux et chaud de son petit corps, d'un genou à l'autre, sa tête bouclée  pressée encore contre ma poitrine, je pensais aux autres comme moi, aveuglés, pas par l’amour d’une femme, mais par la haine des hommes.

28.1.11

Caïre

Tôt ou tard, une bête de somme voudra qu'on lui enlève le joug. Le paysan averti ne s'étonnera pas qu'elle en refuse un nouveau, surtout si c'est pour porter le même poids.

27.1.11

Goûter

Ces mots qui fondent dans la bouche,
Comme des chocolats fins,
Donne-moi encore de ces mots,
J'en reprends.
J'ai faim.

26.1.11

Constat ?

« ...le roman est mort. Il n'a pas résisté à la vague bien creuse du "nouveau". Il est devenu ignoble et répugnant. Vérole, galopant vérole des mégoteurs autour de ce rien qui devait suffire à faire LE livre arrimé sur la très phallique "force du style", vérole des raconteurs d'eux-mêmes, des contemplateurs de leur Moi si original, pire, des observateurs de leurs désastres. Ignominie, surtout, de l'autofiction pleurnicharde, indigeste et faisandée... »

- Héléna Marienské, Rhésus.

25.1.11

L'ogre est parti en vacances

L'ogre est parti en vacances, pour prendre de l'ogre-repos. Il ira dans un ogre-spa, se faire un ogre-cure. Il passera des journées entières au soleil sur l'ogre-plage, à lire des romans d'ogre-gare, et juste avant de rentrer, il se fera faire de nouvelles griffes.

24.1.11

L'Irlande

Ta cousine n'avait jamais d'argent de poche, alors, tu lui payais toujours la glace.
Maintenant qu'on a vieilli, elle a de quoi manger, mais toujours pas d'argent de poche.
Alors, elle vient régulièrement frapper  à ta porte, les jours de fringale, et toi, tu as envie de la lui refermer au nez.

23.1.11

Formule

L'optimisme, c'est le pessimissime tout fraîchement sorti d'un bain chaud, un bon repas, et un bisou.

22.1.11

Oui, mais lequel ?

Comptons nos bons amis sur les bouts des dix doigts, tout en gardant un seul pour ceux qui sont moins bons.

21.1.11

sans titre

Elle n'a jamais remarqué le moment où elle a commencé à ne plus pouvoir vivre sans lui. Peu à peu et sans qu'elle s'en rende compte, il lui est devenu indispensable, essentiel. Sa première pensée était pour lui, ainsi que sa dernière. Elle ne voulait accomplir qu'une seule chose dans sa vie : mourir dans ses bras. Toute autre éventualité était devenue inacceptable. D'autres femmes la trouvaient ridicule. Et elle s'en fichait.

20.1.11

Peut-être jamais, peut-être ce soir

Déjà à l'âge de sept ans, elle se promenait à la plage, des journées entières, écoutant le chuchotement des vagues, taquinant la marée. Elle aimait le sentir du sable sous ses pieds, le parfum du sel de l'eau. Elle aimait à regarder danser les algues jusque sous l'eau.

Un jour quelques années plus tard, lorsqu'elle avait dix ans, elle pensa que la mer étincellait un peu plus que normal quand elle sut que c'était une bouteille. Il y avait quelque chose dedans, et une fois la bouteille repêchée et ouverte, elle vit que c'était un bout de papier sur lequel quelqu'un avait écrit : Quand est-ce que tu viens ?

La fille fourra le message dans sa poche, se demandant si elle devait répondre. Sa mère lui avait bien dit que c'était impoli de ne pas répondre aux messages. 

Elle continua sa promenade. De temps à autre, elle glissa sa main dans sa poche afin de s'assurer que le message était encore là.

Quand est-ce que tu viens ? Quand est-ce que tu viens ?

Ce même été, quelques semaines plus tard, sa mère mourut. Son père, fou de chagrin, décida de quitter le bord de mer et retrouver la grande ville où il était né. Il ne supportait plus la vue ni le son de la mer, cela lui rappelait trop la femme qu'il avait tant aimée.

La fille ne voulait pas croire son père lorsqu'il annonça ses projets. Elle avait peur de la grande ville, elle la connaissait mal. Elle voulait rester près de la mer et donc près de sa mère, ou au moins près de son souvenir. Pendant qu'elle essayait de trouver de bons arguments pour convaincre son père, elle entendait encore et encore retentir dans sa tête : Quand est-ce que tu viens ? Quand est-ce que tu viens ?

Mais elle savait que son père serait inexorable, elle le voyait déjà dans la rigidité de sa bouche. Elle savait qu'il ne changerait pas d'avis, qu'ils partiraient tous deux le lendemain, et que jamais plus elle ne reverrait la mer, ou bien, peut-être, un jour, lorsqu'elle était une vieille dame avec des rides, des cheveux gris, et une bouche rigide.

Elle réfléchit et prit la décision de répondre enfin à la question avant qu'il ne fût trop tard.

19.1.11

Orbe à l'aube

Ce matin, à mon réveil, la lune se couchait. Je l'ai saluée et on se causait un peu, les deux ensommeillées, elle enfin, moi toujours. Elle avait l'air pleinement en forme, elle luisait encore au petit matin, mais elle ne pouvait pas rester, elle devait continuer. On s'est données rendez-vous pour plus tard. Et puis elle est repartie, belle et solitaire, indifférente à l'indifférence des hommes.

18.1.11

Trop piquant

Qu'est-ce que c'est de ne pas connaître
Les morsures d'hiver,
De ne pas se promener dans la blancheur
Du froid, dans la froidure du blanc ?

Qu'est-ce que c'est d'ignorer un monde
Incolore, emballé, frigorifique,
De ne pas sentir la brûlure des gélures,
Les aiguilles au bout des doigts,
Le mal qui arrive jusqu'aux coudes ?

Qu'est-ce que c'est de craindre le requin
Et le crocodile sans larmes,
Ou le noix de coco
Lorsqu'il vous tombe sur la tête ?

17.1.11

Tout va bien

Je ne suis pas seule.
Il y a la lune et la neige et le gros tas de linge sur la chaise au coin.
Alors, ne me raconte pas de secrets.
Je ne suis pas seule.
Il y a l'air froid et la chaleur inadéquate du petit rechaud.
Alors, ne me chuchote pas à l'oreille.
Je ne suis pas seule.
Il y a le silence de la maison qui dort encore.
Alors, chut.
Je ne suis pas seule.
Il y a le chat qui sait que ce n'est pas encore l'heure du petit déj.
Alors, ne la dérange pas, s'il te plaît.
Je ne suis pas seule.
Il y a mes doigts qui tapotent.

Quelque part dans le monde, on déjeune, on dîne, on bosse, on dort.
Quelque part quelqu'un nait et quelqu'un meurt.
Quelque part il y a quelqu'un qui pense à moi, peut-être.
Peut-être toi, peut-être une autre.

Sinon, pas grave.
Mon coeur bat encore.
Et je ne suis pas seule.

16.1.11

Canari

Comme un canari
Aux mines
Qui signale le danger
En mourant,
Ses plumes jaunes
Noircies par le charbon,
Battant son désespoir
Son manque d'oxygène,
Sa petite âme se rend
Enfin.

La petite porte de la cage
Restera ouverte :
Il n'y a plus aucune
Possibilité
Qu'il se sauve.

15.1.11

À l'épicerie d'art


Nina, en Petitjean, son Cabat et sa bourse.
Qui Seurat bien fidèle, Lhermitte convoitée,
Au rendez-vous Degas, son amour à Vouet.
Cette belle artiste fait l’art de toutes ses courses.
Pinceaux, palette, et huiles, comme l’eau de la source
Pour cette jolie fée. Tant de charme É. Manet,
Son si tendre Bouquet, un parfum pour Monet,
Hélas ! de Bonnefoit, j’oublie toutes mes courses !
Si j’étais son Poussin ?  Elle sourit mais Baille…
J. Restout Clouet, mon pauvre cœur chamaille…
Son regard trop Léger rend bien Gros mon chagrin !
Je me Courbet pour faire signe Delacroix.
Perdant la Battaille, je suis resté pèlerin
À l’épicerie d’art, c’est là où Vanina.


14.1.11

Apprentissage

Bâton, fouet, correction,
Humilation, dégradation,
J'ai vite appris
À les haïr
Ainsi que les maîtres
Qui les maniaient.

13.1.11

À la mi-terme

C'est à la mi-terme que viennent les pénitants en pélerinage, à genoux, se frappant avec leurs cahiers, une couronne de stylos autour de la tête, priant aux Dieux de la Note de bien accepter leurs sacrifices, de leur pardonner toutes les fautes, les retards, les manquements, leur flemme, leur fatigue, leur jeunesse indisciplinée...

Prions pour eux.

12.1.11

Pour le moment...

Chat sur mes genoux
Ronronne tout doux

Petit four en fourrure
Boul' de poils qui murmure

Qu'il fait bon vivre
En dépit du givre

Sur une paire de genoux
Confortablement doux

Griffes rangées
Crocs ménagés

Ne plus bouger
Aux risques de gouger

Et si (je) souris
Fais gaffe !

11.1.11

Neige

On fera un bon shampooing au ciel
Qui laisse traîner partout ses pellicules.

10.1.11

Peau

Jauneâtre,
Verdâtre,
Quelques taches de marron
(des grains de beauté ?)
Quelques indentations
Imparfaite,
Encore un peu ferme,
Plus ou moins lisse,
Épaisse...

Banane.

9.1.11

Saguaro

Il y a peu qui survit au désert.

Le sable pardonne
De mauvaise grâce et
Le soleil encore moins.

Un jour sous la cruauté du midi
Ou peut-être dans la nuit,
Comme un assassin
Viendra un bandit
Pour boire une dernière fois
Le nectar grisant des fleurs
Comme des rubis noirs.

Sous la lune qui luit
Murmureront les os oubliés
Au canyon rigide et creux.

8.1.11

Examen final

Ce monde, qu'est-ce qu'il aurait été sans toi ?

7.1.11

Week-end peinard

C'est samedi, elle a droit à un deuxième café. Il fait frais dans la maison, les spirales de vapeur s'élèvent de la tasse. Quand elles seront invisibles, le café sera de la bonne température. À travers la fenêtre, elle voit le soleil qui réveille les bois. Le chêne tout près de la maison restera dans son ombre encore quelques heures. La neige est revenue. Elle reste couchée et fait imperceptiblement son travail de couverture et protection pour la terre. Il y a quelques oiseaux qui volent. Leur boulot de survie ne connaît pas de week-end peinard.

6.1.11

Tant pis pour la poésie du silence

Prends ce morceau de touron,
Mon écarquillée ankylosée,
Dit le bourru saugrenu devant les varechs,
Ses favoris sertis, triturés comme des essieux.
Tant pis pour la poésie du silence,
Ce n'est qu'une promesse de Gascon,
Et moi, j'ai du vocabulaire
À apprendre.

ABCDbilie

À Annecy, en août, Babette et Bébert buvaient de la bock au bistro du brocant barbu.

- Ça, c'est con ! cria Christian, d'une dé de Drambouie écoulée fébrilement, gâchant l'histoire improbable jallissant du Kiwi là-bas, mangeant des nouilles onctueuses.

- Putain ! pipa le patron.

- Quoi ? quémanda Quentin.

- Une urbanité, vocalisa William, l'ex d'Yvette Zidane.

5.1.11

Planning solaire

08 h 44 :  Lever
09 h 00 : Bureau
09 h 15 : Éruption et séance photo avec Trace / NASA
10 h 30 : RDV chez le dermatologue pour mes taches
12 h 00 : Piscine
13 h 30 :  Révision galactique
15 h 00 :  Réunion avec les neutrinos
16 h 30 :  Rentrer
16 h 52 :  Coucher

4.1.11

Patronne de la ville de Gand

Sainte Pharaïlde, qui étais-tu ?
Une vierge décapitée ?
Une nonne violée ?
Une chrétienne jetée aux loups ?
Une paënne transformée en colombe
Lorsqu'on la brûlait au bûcher ?
Une nénette qui saignait des yeux ?
Sainte Pharaïlde, qui étais-tu ?
Pour le savoir, il me faudrait
Encore un petit miracle :

"Pharaïlde apparaît comme une jeune femme, noble, à l'éducation solide, et à la foi chrétienne fortement charpentée. Elle semblait faite pour la vie religieuse, ce qui était son plus grand désir." À Bruay en Artois, vers 745, sainte Pharaïlde, veuve, qui, mariée, dit-on, contre son gré à un homme violent, mena, après la mort de son mari, une vie de prière et d’austérité jusqu’à sa vieillesse."

Alors, didonc !
  Qui aurait cru que le monde soit
     Rempli de tant de saintes ?
       Mais bon, faut l'avouer :
          Tout ça n'a rien de miraculeux,
             Elle a dû laisser tout son bien
                Durement mérité
                  Aux hommes qui voulaient bien
                      La propulser d'un canon.

3.1.11

L'orage

Tu sais qu'il arrive.
Tu sais qu'il sera dévastateur.
Tu peux te préparer.
Tu peux te faire plus comme le roseau qui se plie dans le tourment.
Tu peux perdre tes habitudes de chêne raide et enraciné, qui cassera sûrement contre le vent rageur.
Tout cela, tu le sais.
Alors, tu attends.
Tu sais qu'il arrive.
Tu sais qu'il sera dévastateur.

2.1.11

Meilleures résolutions

Oublier les bonnes résolutions et se jouir de ses mauvaises habitudes :
  • Celle-ci.
  • Celle-là.
  • Celles-ci.
  • Celles-là.
 Ouaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaais, et ouf ! ça va mieux !!
 Après tout, pour les saints et les martyrs, c'est à côté, au cimetière.

1.1.11

bonnes résolutions

Donner sans attendre un retour
Attendre sans retourner un don
Retourner sans donner de l'attente

Lâcher prise sans priser les lâches