OUATE ET VERRE

OUATE ET VERRE

18.12.09

Pandore



Je pique cette image de chez Berthoise parce que je voulais bien écrire quelque chose là-dessus.


Petite, on t'avait défendu d'ouvrir la boîte.

Petite, tu avais obéi.

Mais grandie, tu avais une volonté indépendante,
Une curiosité avide,
Une soif pour le savoir.
Et tu as ouvert
Ta porte aux passants,
Ton esprit aux idées,
Tes bras à ceux en manque d'amour.

Tu as ouvert la boîte.

Les passants ont piétiné les fleurs devant ta porte.
Les idées t'ont malmenée,
Elles ne t'ont pas rendu heureuse, les idées.
On t'a cassé les bras, plusieurs fois.

On a vidé ta boîte.


Petite, on t'avait défendu d'ouvir la boîte,
Petite, tu as obéi.
Et une fois grandie, grandie vraiment,
Tu te retrouves toute petite, toute petite,

Et tu oublies toujours
Que la boîte ne contient plus rien.


1.12.09

Tables for Ladies

Tables for Ladies by Edward Hopper, 1930

Mettez-les au fond de la salle
Près de la cuisine
Ou des toilettes
Si elles sont seules ou saoules ou sales

Mettez-les au fond de la salle
Loin du beau monde,
Hors de combat
Si elles sont veuves ou vieilles ou veules

Pas grave si l'on oublie
Ce qu'elles ont commandé,
Croyez-moi
Elles en ont l'habitude

Mettez-les au fond de la salle
Comme il convient
Aux couverts
Uniques
Parlez-leur
Seuls à seules

Mettez-les au fond de la salle
Où l'on garde les
Tables aux dames
Qui ne sont que des femmes.

Phil et Sophie

The Cafeteria, Edward Hopper, 1958

Pour Kaléïdoplumes :


Lui [à lui-même] : Elle me zieute, je sais qu’elle me zieute…je l’attire, je le sais, elle me trouve bien.

Elle [à elle-même] : Comme le disait Kant, l’impératif assertorique représente une action comme nécessaire pour arriver au bonheur…

Lui : Ah oui, elle me lorgne, je sais qu’elle veut de moi, la petite vicieuse habillée comme une pute…

Elle : Et pourtant, il est impossible de juger moralement les actes d’autrui puisqu’il est impossible de connaître la motivation de ces actes…

Lui : Mais c’est encore une de ces allumeuses, celle-là, regarde-moi ça, elle fait semblant de ne pas me voir, mais je sais qu’elle me zieute…

Elle : Et si la maxime n’est pas conforme à l’inconditionnel…

Lui : Ça y est, je sais qu’elle me désire, elle meurt d’envie, qu’est-ce que j’attends pour la baiser là sur la table…

Elle : Après tout, le bonheur n’est qu’une conception empirique et irrationnelle…

Lui [ne pouvant plus, il l'aborde] : Mademoiselle !

Elle [perdue dans sa réflexion] : Et dans la tripartition, qui se décline…

Lui [plus fort] : Mademoiselle !

Elle [qui n’entend toujours pas] : Par contre, Leibniz serait sans doute…

Lui [insistant] : Mademoiselle ! [son courage s'évaporant] Z’auriez pas du feu ?

[Cette fois-ci, elle entend sa voix mais n’a pas compris ce qu’il a dit. Elle reste alors silencieuse et sans le regarder.]

Lui : Bah, qu’est-ce que t’as, t’es sourd-dingue ou quoi , espèce de garce de petite salope ! Pour qui te prends-tu ?!?

[Furieux de dépit, il s’en va.]

Elle [perplexe, mais pas trop, après tout, elle en a l’habitude] : Curieux, celui-là. Un eudémoniste, sans doute aucun.


NDLR : Merci à Wikipedia pour son aide catégorique et impérative en ce qui concerne les répliques de Sophie...