OUATE ET VERRE

OUATE ET VERRE

31.12.07

2008

Merveilles
Epanouissements
Sourires

Velours
Occasions
Ententes
Utilité
Xénophilie

Plaisirs
Odysées
Unité
Retrouvailles

Tendresses
Odes
Impétuosités

Câlins
Equanimité
Talismans
Terrasses
Enchantement

Abris
Nénuphars
Noubas
Eclairs
Eclats

27.12.07

Bénazir Bhutto n'est plus

Il est trop facile
D'ignorer le courage
Habillé dans un sari,
Les yeux bordés de kohl.

Il est trop facile
De lui tirer
Une balle dans le cou
Une autre dans la poitrine

Avant de tout faire sauter.

Il est moins facile
De tuer la vérité.

Pour cela, on n'a pas encore
Inventé la bombe
Qui ferait l'affaire.

24.12.07

Une petite laine

Écrit pour Impromptus

Cette année-là, le petit Papa Noël allait mal et malgré tous ses efforts la veille de Noël, il arriva, ce soir-là, que toute personne sur la planète reçut, comme cadeau, une petite laine.

Le jeune couple à Sydney poussa un cri de joie. Ce cadeau voulait sûrement dire qu’ils étaient enfin « enceintes » comme on disait chez eux et que le nouvel an serait rempli d’amour et de joie et d’un tout petit être qui aurait les cheveux roux de son papa et les yeux vert lumineux de sa maman.

Le jeune couple à Pékin se regardait, le malheur tout plein les yeux. Un autre enfant ! Mais c’était strictement défendu de faire un deuxième enfant. Tatie Wang viendrait leur faire visite, et elle ne serait pas contente. Mi-Quang irait à la clinique, dès lundi.

À Mumbai, la petite Juhi, étonnée de voir un paquet mystérieux à coté de son grabat sali, se frotta les yeux. Mais avant qu’elle ait pu toucher la boîte mystérieuse, sa mère la prit dans ses mains tout en criant. Juhi pencha la tête, mieux pour recevoir le coup du bâton qu’elle connaissait si bien, mais sa mère, heureuse d’y découvrir une petite laine si délicatement tricotée, partit tout de suite pour aller la vendre dans la rue. Juhi sourit, jubilante, comme sa mère. Il y aurait peut-être du riz dans leurs bols ce soir-là.

Le grand Mazi, de retour de la pêche, ouvrit rapidement le petit colis curieux laissé devant sa porte. Son grand rire bas dut retentir à travers le Sénégal. C’était une bonne blague, mais il faudrait donc qu’il pense à se venger de ce coquin d’Abdou ! Déjà Mazi pensait à comment emballer un de ses poissons et le cacher dans un coin perdu de la maison d’Abdou.

La señora Albiara, dans sa maison de retraite à Buenos Aires, sortit la petite laine de sa boîte avec des mains tremblantes et la tint contre sa joue sillonnée par tant d’autres joies et tant d’autres tristesses. Déjà les mailles la réchauffaient, et elle se rendormit aussitôt, un rare sourire sur ses lèvres gercées de centenaire.

Et moi, à la prairie toute blanche, gelée, je tins ma petite boîte dans mes mains. Je savais ce qui se trouvait dedans. Comme d’habitude, elle n’était pas à ma taille, ni de ma couleur préférée. Elle ne représentait ni bonheur, ni malheur, ni secours, ni blague, ni souvenir. Juste l’amour.

J’ouvris le paquet, en souriant, en riant, en plaisantant avec ceux autour de moi, et en me rendant compte de ma grande chance d’être la femme la mieux lotie sur la planète.

Et je dis « Oh, Maman, c’est parfait ! »

21.12.07

Personne ne dit mieux



Traduction des paroles écrites par Cyndi Lauper :

Couchée dans mon lit, j’entends tiquer le réveil et je pense à toi. Accrochée dans des cercles de confusion, ce n’est rien de nouveau. Flash-back—des nuits chaudes, presque oubliées, des valises pleines de souvenirs à maintes (reprises)

Parfois, tu m’imagines. Je marche trop en avant. Tu m’appelles, je ne peux pas entendre ce que tu as dit. Puis tu dis « Va doucement ». Je prends du retard. La petite aiguille se ralentit.

Si tu es perdu, tu peux chercher – et tu me trouveras à maintes reprises. Si tu tombes, je t’attraperai. Je t’attendrai à maintes reprises.

Après que ma photo se décolorit et l’obscurité est devenue grise, regardant par les fenêtres tu te demandes si je vais bien. Des secrets volés d’une profondeur dedans, on bat le tambour à mauvais temps.

Si tu es perdu, tu peux chercher – et tu me trouveras à maintes reprises. Si tu tombes, je t’attraperai. Je t’attendrai à maintes reprises.

À maintes reprises à maintes reprises à maintes reprises à maintes reprises

18.12.07

Je te jure que je viens de lire ceci dans le New York Times...

Laisse-toi vouloir des choses, quel que soit le risque d'en être déçu. Le désir n'est jamais une erreur. -- Paula McLain

17.12.07

Bob

Invraisembablement, improbablement, impossiblement, il faisait beau, un ciel de bleu pur, du soleil, et des étincelles partout dans la neige et le verglas. Ce matin, le monde a brillé de tristesse.

diamants




traces

12.12.07

Fire and ice


Le feu et la glace (ma traduction de "Fire and Ice" par Robert Frost)

Il y en a qui disent que le monde finira en feu
Il y en a qui disent en glace
De ce que j'ai pu goûter au désir
Je suis du côté fougace
Mais s'il me fallait deux fois mourir
Je pense connaître assez bien la haine
Afin de savoir que, pour ruiner,
La glace est bonne
Et suffirait.

11.12.07

daniel

daniel, c'est ta fête,
rentre donc, bois un coup
chuis passé chez toi, pas de lumière,
j'ai fait toc-toc
il me semble que les rideaux
ont doucement flotté

y avait un tas de prospectus
étalés comme des bestioles mortes
devant ta porte
leurs images jaunies sous
un soleil désormais disparu

dis, tes géraniums ont gelé
personne ne les a rentrés
même ton vieux matou
a dû chercher de la chaleur
ailleurs, sans prévenir

dis, on t'a cassé un carreau
t'as pas froid quand le vent passe, hurlant
sa solitude ?

dis, daniel, c'est ta fête,
rentre donc

9.12.07

5.12.07

Trajet (2004)

Elle prenait la route blanche, toute blanche, nageant dans la poudre, et
ne voyait ni centre ni bord, ni devant, ni derrière.

(Si ça glissait, si ça glissait, un petit dérapage qui pouvait toutterminer.)

Sans limites à dépasser, sans bornes à témoigner, sans lumière et sans
obscurité, juste le blanc, le blanc, le blanc, encore plus blanc.

(Si ça glissait, si ça glissait, un petit dérapage qui pouvait toutterminer.)

Une courbe, une pente, encore une courbe à naviguer, des congères à
défoncer, comme les filles à défoncer par les tombeurs, sans hésitation,
et sans remords.

(Si ça glissait, si ça glissait, un petit dérapage qui pouvait toutterminer.)

Accroupie sur son volant, le nez collé au devant, ses yeux brûlés par le
blanc, par le bleu, par la peur, par un néant chuchotant :

Laisse ça glisser, laisse ça glisser, laisse ça déraper, terminer, ma
beauté, ma joie.

Tu sais bien qu'un jour tu seras à moi.

Météo

Ici, il neige, des flocons secs et avares.

4.12.07

Mindlessness

C'est bon de te savoir là, comme l'arbre dans le jardin qu'on ne regarde jamais vraiment jusqu'au jour où le vent l'abat et son ombre rafraîchissante ne nous abrite plus.

C'est bon de te savoir là, comme une force invisible, la gravité, ou les rayons-x, ou encore juste toutes les molécules de l'univers qui poursuivent chaque jour leur destin.

C'est bon de te savoir là, comme les respirations, comme un coeur qui bat comme il faut, comme le pouls de ton bien-aimé qui fait qu'il reste en vie et qu'il reviendra prochainement.

C'est bon de te savoir là.
C'est bon de le savoir.
C'est bon.

3.12.07

Échanges

Je te dis jardin et tu me dis fleur
Et je te dis lumière et tu me dis étincelle
Et je te dis amour et tu me dis rien.

1.12.07

Evel Knievel

Tu peux casser
Six mille fois ton corps
Et finir
Quand même doucement
Une nuit au lit
Quand ton coeur décide
De lâcher.


27.11.07

Pékin, un matin de décembre

Le matin retentit comme ce gong au village Hutong et les vieux sortent de leurs petites ruches carrées comme des dizaines de petits bourdons bleus, chacun avec une cage à la main. Arrivés au parc, ils accrochent les cages aux arbres, et les oiseaux dedans se mettent à chanter, oubliant les barreaux de bambou dans leur désir de faire entendre la joie d'encore une liberté illusoire. En bas de ces arbres, les corps bleus s'alignent dans une vieille danse slow, les bras faisant des arcs, les jambes relevées et crochues, à deux pas d'antiquité. Une heure passée, tendons et ligaments doucement réveillés, ils s'accroupissent pour boire du thé refroidi dans des bocaux aux bords ébréchés.

26.11.07

Bible

À la première page figurent un vol, un mensonge et un meurtre.

Feuilly-sur-l'eau


23.11.07

Oracles

Au bout du mur, l'inaccessible dit ton nom. -- Jean-Claude Renaud, Oracles

Au bout du mur
L'inaccessible dit mon nom,
Je colle l'oreille
Contre les pierres froides.
Je retiens mon souffle,
J'attends,
Inaccessiblement
Au bout du mur.

Au bout du mur
L'inaccessible dit mon nom,
Le mortier résonne
Des syllabes blanches et grises.
Je tâte avec les doigts,
J'attends,
Inaccessiblement
Au bout du mur.

Au bout du mur
L'inaccessible dit mon nom,
Les échos silencieux se cachent
Dans les creux
Entre caillou et ciel.
Je pose mon front sur son coeur.
J'attends,
Inaccessiblement
Au bout du mur.

13.11.07

Le parfait voyageur

Le parfait voyageur ne sait où il va. -- Lie Tseu

Le parfait voyageur
ne sait où il va.

Je serai donc,
Pour un temps,
Imparfaite.

Je désexisterai un peu ici,
Pour aller inexister
Là-bas.

Il faut faire de la place
Pour l'imperfection.

Il faut inexister
De temps à autre.

Le parfait voyageur
Ne sait où il va.

Soyons donc
Imparfaits,
Toi et moi,
La main dans la main.

11.11.07

La Joconde

[pour les Impromptus Littéraires]

Paris, le 11 novembre 2007

Ma très chère Joye,

C’est avec grand plaisir que j’apprends que tu pars bientôt pour revoir mon pays natal, je sais que tu vas t’y amuser beaucoup. J’aimerais bien le revoir un jour, moi aussi, ça fait déjà un moment !

Tu es une grande voyageuse, et moi aussi ! Bien que nous nous soyons connues pour la première fois à Paris – je me souviens que tu étais choquée de voir que j’étais vraiment très petite – je n’ai pas toujours vécu au Louvre, tu sais. Quand j’ai déménagé en France avec Léonardo, je vivais d’abord à Amboise. Quand le maître est mort, on m’a installée à Fontainebleau. Après, j’étais à Versailles, mais j’avoue que je n’aimais pas le décor là-bas, trop chichiteux pour mes goûts.

Comme tu sais, après la Révolution, je suis allée vivre au Louvre, mais j’ai pu sortir de temps à autre. Napo m’a forcée d’aller vivre chez cette garce de Joséphine aux Tuileries pendant quelques années. J’ai aussi pu retourner brièvement en Italie avec ce voleur de Perugia ! Ah, quel mec !!! Je lui serai toujours reconnaissante de m’avoir entretenue pendant deux ans avant qu’on me renvoie en France. J’étais contente d’avoir ce peu d’amusement après presque 100 ans du même vieux train-train poussiéreux.

Et puis, c’est vrai que pendant la guerre de ’39, on se chargeait de me cacher, d’abord à Amboise. Tu sais, même après toutes ces années, on n’avait pas changé grand-chose dans cette baraque ! J’ai aussi vécu dans une abbaye. Crois-moi que, pour une fois, j’étais contente que mon Léo ne m’ait pas peinte sans vêtements ! Dans cette même période, j’ai aussi dormi sous un lit en Quercy. Oui, bon, entre mon asthme et les moutons de poussière, c’était pas la joie, mais j’étais quand même heureuse de ne pas être obligée d’aller vivre avec ce petit monstre moustachu à Berlin. Je te dis, Joye, c’est fou ce que les hommes peuvent être fous !

Depuis, bon, j’ai vu la Russie et le Japon. C’était drôle d’aller voir New York. Ton Président Kennedy, quel tombeur !!! La blonde qu’il aimait, j’ai entendu qu’elle a mal fini, c’est terrible. Alors, là, c’était une beauté ! Et moi, oui, je suis vieille, mais je n’ai pas trop mal vieilli, on m’a bien soignée, je ne demande pas mieux.

Quoique…

Oui, quand même, il y a une chose qui m’embête. Toi, tu n’es pas revenue me voir – non, non, je ne te fais pas de reproches, je sais que tu as d’autres amis à revoir lorsque tu es à Paris – mais depuis 2005, je suis installée dans une grande salle face au Noces de Cana par Veronese. Si tu ne connais pas, tu peux Googler, hein ?

Bon, voici le problème : ça fait plus de deux ans que je zieute ce stupide tableau, et je ne vois toujours pas…

Alors, Joye, fais-moi un petit service, je t’en prie. Avant de partir en voyage, ma petite chanceuse, dis-moi un truc.

Sur ce stupide tableau : Où est Charlie ?

Allez, ma belle, je t’embrasse bien fort. Buon Viaggio e multi bacci, ragazza !

Éternellement,

Mona Lisa Maria Gherardini

8.11.07

Ils sont venus...

Ils sont venus pour mes ailes.
Et j'ai dit, bon, prends-les, je marcherai.

Ils sont venus pour mes jambes.
Et j'ai dit, bon, prends-les, j'ai bien marché, j'aurai mes bras pour dessiner.

Ils sont venus pour mes bras.
Et j'ai dit, bon, prends-les, j'ai ma tête, elle m'aidera à voyager.

Ils sont venus pour ma tête.
Et j'ai dit, bon, prends-la, j'aurai toujours mon coeur qui bat.

Ils sont venus pour mon coeur.

Et j'ai dit non.

Je me serais battue avec mes ailes, avec mes bras, avec mes jambes.
Je me serais battue avec ma tête.

Mais mon coeur, il était à toi,
Ce n'était pas à moi de le donner.
Et ils me l'ont arraché.

Et je n'avais plus d'oreilles pour t'entendre,
Je n'avais plus d'yeux pour te voir,
Je n'avais plus de bras pour te serrer,
Je n'avais plus de jambes
Pour mettre autour de toi
Pour mieux te garder contre moi.

Ils ont pris mon coeur,
Ils ont pris mon coeur,

Mais le souvenir de toi
Est resté dans ma peau
Et je ne suis plus rien
Qu'une stupide coquille
Mais le souvenir de toi
Est resté dans ma peau
Est resté dans ma peau,

Et ils sont venus pour mes ailes.

7.11.07

3.11.07

Épines


Tu as beau te protéger avec tes épines,
Tu seras ébloui, toi aussi,
Par le soleil.

Promenade d'automne


Vieillesse : une poire pour la soif


Pommes


Ma toute première acquarelle...


28.10.07

S.O.S.

Gargarise, ronfle,
Lache un gros pet
S'il le faut,
Mais s'il te plaît,
Fais-moi signe
De vie.

Même les étoiles
Sont parfois
Filantes.

24.10.07

Never-neverlande

Une never-never nana
Et un never-never gars
Ne vécurent jamais heureux
Dans un never-habitat.

Lui never-aimait personne,
Elle never-fit pareil
Sans se demander jamais
Le never-bon conseil.

Elle never-peignait assez,
Lui never-chantait mal.
Ils firent un never-bambin,
Petit never-familial.

Jusqu'à la never-enfin
Trouva ces never-deux
Dans le never-never cimetière
Morts-vivants, enfin heureux.

23.10.07

Halloween

DINGUE ! DONGUE !

-- Oui ?

-- Trique, or trite ! Semelle maffite !!
Guive mi-somme singue
Goude tout ite !


--Allez-vous-en, canaille !!!

VLAN !

[…]

TOQUE ! TOQUE !

-- Oui, qui c’est ?

-- Tri corps trite !

-- Pardon ?

-- Tricore triiiiiiiiiiiiiite !

-- Désolée, je ne comprends pas. L’Ambassade américaine est ailleurs. Bonsoir.

VLAN !

[…]

TOQUE TOQUE TOQUE !

-- Bonsoir ?

-- Bonsoir madame.

-- Que voulez-vous ?

-- Je viens afin de vous demander des bonbons.

-- Des bonbons ?!? Je n’ai pas de bonbons !

-- Non ? C’est dommage, voyez-vous, c’est le Halloween et des amis m’ont dit que je devais écrire un truc là-dessus…

-- Allowine ? Connais pas. Qu’est-ce ?

-- C’est un truc américain…

VLAN !!!

[…]

DINGUE DONGUE !

TOQUE TOQUE TOQUE !

DIIIIIIIIIIIINGUE DONGUE !

DINGUE DONGUE DINGUE DONGUE DINGUE DONGUE !

[…]

-- Pardon, t’aurais pas un clop’, steuplé ?

-- Si. Voilà.

-- Merci ! T’aurais pas d’feu ?

-- Ah, si, bien sûr, voilà.

-- Merci ! Ahhhhhhhhhhhhhh ! Ça fait du bien, merci !

-- Fait pas chaud, hein ?

-- Nan, pas du tout.

-- T’voudrais pas aller prendre un ‘ti verre au coin, là ?

-- Bah si, mais j’ai comme un truc à faire, hein ?

--Ah oui, oké, je pige…

--Ben, je dois faire du trique-or-trite.

-- Pardon ?!?

-- Ben, j’ai des amis qui m’ont fait un défi et je dois aller faire du trick-or-treating dans le coin.

-- C’est pas un truc ricain, ça ?

-- Ben, si, justement ! Et puis oui, bon, c’est dingue, je le sais, mais bon…

-- T’as perdu un pari ou quoi ?

-- Dis, t’aurais pas de bonbons sur toi, hein ?

-- Des bonbons ? Ben, elle a pas froid aux yeux, elle, hein ?!? Et pis, c’est quoi, c’ costume, hein ?!

-- Eum…pas grave. Faut que j’y aille, hein ? Merci pour la clop’, hein ? Allez, tchao !

[…]

Et je file comme un bandit fantôme dans les rues de l’Hexagone, je tiens le haut du pavé, mon sac en plastique, vide et transparent, faisant fouap’, fouap’, fouap’ dans l’air d’octobre sous la lune gibbeuse.

21.10.07

Parce que, si par hasard, tu passais par ici...



...je voulais que tu voies que je souris encore.

18.10.07

Ose

Vas-y, poète.
Ose.

Journée au lit

Actualité ?
Apolitique !

Banalité ?
Civilité !

Combustibilité ?
Déductibilité !

Égalité ?
Éventualité !

Féodalité ?
Fonctionnalité !

Hostilité ?
Idéalité !

Lolita ?
Lolita !

Materialité ?
Militant !

Normalité ?
Nullité !

Péricliter ?
Pissenlit !

Politique ?
Quasi-délit !

Réalité ?
Sensibilité !

Servilité ?
Totalité !

Tranquillité ?
Utilitaire !

Viabilité ?
Volition !

(Lolita, lolita,
Pissenlits par les racines...)

17.10.07

Message transmis, reçu

Je ne suis pas un abaque.
Ne comptez pas sur moi.

Clint

Tu l'as souvent vu,
Ce vieux western
Où le cowboy repart seul
Sur son cheval.

Comme d'habitude,
Les Indiens ou des bandits ou
Juste un autre malfaiteur
Ou, tous ensemble, pour changer un peu,
Ont tué la femme.

Les nuages de poussière
Qui repartent vers l'horizon
Signalent la conclusion banale
D'encore un épisode.

16.10.07

Manque

C'est le robinet que tu as oublié de fermer,
Le numéro de téléphone gribouillé ailleurs
Pour l'appel qui aboutira tout de même en machine.

C'est la petite fille qui pleure tard dans la nuit
Pour la poupée laissée derrière dans l'hôtel
Qui ne sera jamais ré-expédiée,
Et toi le vilain qui refuse de faire demi-tour.

C'est la pièce qui tombe par terre au péage,
Le sandwich dans ton tiroir que tu as oublié de manger,
La chemise que tu ne peux plus porter
Parce qu'elle est tâchée.

C'est ce gouffre de silence
Qui s'est creusé entre nous
Sans que ni toi ni moi ne sachions comment.

15.10.07

Les Statues

"Les statues ne font que nommer l'oubli. On n'est jamais plus mort qu'en
bronze."

9.10.07

Imagine

Imagine
Un jour dans la vie.
Un homme de nulle part.
Un karma instantané,
Révolution :

Tout ce qu'il te faut, c'est l'amour.
C'est tout ce qu'il me faut faire
À travers l'univers.

Veux-tu savoir un secret,
Chère Prudence ?

Tout le monde a quelque chose à cacher
sauf moi et mon singe...

Tout le monde parle, personne ne parle.
J'appelle ton nom,
J'ai un sentiment.

La vie commence à quarante ans,
Le bonheur c'est une flingue chaude.

Ce garçon,
Un ticket pour monter,
Dis-moi pourquoi.

On dit que c'est ton anniversaire.

Tes blues,
Imagine.

8.10.07

Si les sirènes savaient écrire des poèmes d'amour...

C'est la fin de la journée, un doux dimanche plus chaud que d'habitude. Le soleil se cache à présent, il se repose sans s'en aller entièrement. C'est un moment tranquille, parfait pour penser à ceux qui lui manquent.

Parfait pour écrire encore un mot, l'enfermer dans une bouteille asymétrique et la lancer dans l'océan, parfait pour souhaiter que le message soit lu avidement, que la bouteille plaise par son imperfection familière.

Et pourtant, l'expéditrice hésite.

La bouteille perturbera peut-être une idylle paisible, le message sera peut-être
perçu comme un de ces perspectus interminables qui dérangent. Les mots griffonnés soigneusement feront du vacarme, là où l'on voudrait seulement de doux échos, deux ou trois rondes imperceptibles dans l'eau qui s'approche de la rive.

Quoi qu'il en soit, elle se risque, simplement pour dire qu'elle pense à celui qui la lira, simplement parce qu'elle ne peut pas faire autrement, simplement parce qu'elle se ferait un plaisir d'avoir sa réponse un jour ou un autre.

Car il faut croire aux possibilités bien qu'elles se cachent depuis des mois quelque part ailleurs, là où elle ne sait toujours pas s'aventurer.

6.10.07

Les avantages de l'insomnie

Je viens de voir la lune qui se lève. Entre elle et l'horizon se trouve Vénus, énorme et presque orange. Un peu plus haut dans le ciel, à droite, c'est Saturne. Et plus haut vers le zénith, on voit Orion qui leur tourne le dos. Ceux qui rêvent toujours auront manqué le spectacle.

5.10.07

J'étouffe

J'ai les bronchioles qui crépitent
Au petit feu,
Des pierres au fond des poumons
Et le feu, oui, le feu, 'y a le feu.
Chaque respiration
Un calvaire, un martyr, un triomphe.
J'étouffe.
Je m'étrangle.
J'étouffe.

4.10.07

Dans l'ombre de l'éléphant

Dans la grande forêt un petit éléphant est né. Il s'appelle Fubar. Samaman l'aime beaucoup. Pour l'endormir, elle le berce avec sa trompe enchantant tout doucement.

Comment, tu dis, c'est un plagiat ? Le petit éléphant s'appelait B.... ?Ben, non, ceci est une autre histoire, la mienne !

Et moi, je suis Fubar. Je suis né le même jour et à la même heure que B...., dans la même forêt. Ma grand-mère m'a même dit une fois que nous avions le même papa, moi et B...., mais je n'en sais rien. Tout ce que je sais, c'est que si ma maman avait été tuée par des chasseurs, je ne me serais pas sauvé comme un lâche ! Je serais resté près du troupeau, histoire de solidarité !

Oui, bon, c'est comme ça, ce n'est pas moi qui me suis sauvé en ville, ce n'est pas moi qui ai vécu avec une Vielle Dame qui ne faisait pasattention à ses sous, ce n'est pas moi qui s'est habillé d'un beau costume, ce n'est pas moi qui ai eu une nouvelle bagnole.

Et puis, quand mes cousins A... et C.. - ben oui, ce sont mes cousinsaussi, hein ? - quand ils ont fait une fugue, est-ce que ce stupide petit B.... a téléphoné pour prévenir ma tante qui était malade de peur? Ben non, espèce d'ingrat !!

Puisque les autres étaient partis, c'était moi, Fubar, le plus jeune et le plus beau de tous les éléphants ! Les absents ont toujours tort, quoi. Moi, j'avais tout le lait de coco que je voulais, et tous les autres éléphants me faisaient de petites douches et des câlins avec leurs trompes.
Jusqu'au jour où ce petit crétin soit revenu avec son entourage, planquant la Vieille qui avait tout fait pour lui !

Ben, tu vois un peu son vrai caractère.

Oui, si c'était pas pour ce stupide marabout qui les avait vus là, en ville. Le jour où il est revenu dans cette stupide voiture, je ne croyais pas mes yeux. Tout le monde a oublié leur chouchou, le magnifique Fubar !Ils étaient tellement dingues, ils n'ont pas remarqué que leur B....chéri conduisait tellement vite qu'ils laissaient les grandes dans la poussière ! Et puis, personne ne voulait pas me croire que c'était ce stupide B.... qui avait remporté le champignon empoisonné qui a tué le roi, ce roi qui venait, la veille même, de me nommer son dauphin.

Et puis ce trouduc de C.... qui a suggéré qu'on couronne B.... au lieu de moi ! Quelle erreur ! Personne ne se rendait compte que nous serions tous obligés de porter de stupides vêtements, de nous promener en voitures, de boire du Coca-Cola et de manger des chips au lieu du délicieux noix de coco. Personne ne pensait au fait que le pouvoir corrompt et que le pouvoir absolu corrompt absolument, et que, une fois que tu laisses partir ta culture, tu ne la récupères pas, non. Le comble, quoi.

Mais C.... ne s'est pas trompé, il savait très bien queB.... ferait de lui son général. Les autres ne savaient pas que B.... avait lu Machiavel lors de son séjour chez la Vieille Dame. Ils ne savaient même pas qui c'était.

Mais la pire insulte, c'était après son voyage aux USA. Quand B.... est revenu, il s'est fait un plaisir d'annoncer devant tout le monde le sens de FUBAR en anglais. Tout le monde était mort de rire. Même ma mère à moi a barri. J'avais envie de mourir.

C'est pour cela qu'aujourd'hui, je fais mes valises. Je vais aller moi-même en ville. Je vais me trouver une Jeune Dame riche qui me payera des baskets et un iPod pendant que je lis Marx et Mao et Mickey Mouse. Parce que moi, j'ai marre de vivre dans l'ombre de l'éléphant !

Je veux ma propre place au soleil !

27.9.07

Hier soir, chez moi


La lune était presque aussi loin que toi.

24.9.07

Inspiration quand tu nous tiens...


--Ouais, Médor, ça marche ?-- Yep, Max, ça marche canin !-- Tu veux lui mordre un peu le talon à c'mec ?-- Bin, c'était moi le premier la dernière fois, alors, je t'en prie.-- Okay, tu me suis, hein ?-- Entendu !-- Allez, un...deux...-- Attends ! Attends -- Quoi, Max ?-- Bin, y a un mec qui nous photographie, là, t'as pas vu ?-- Ah ça alors ! On lui apprendra à nous espionner comme ça ! Alors, toi, la cheville gauche, et moi la droite, d'ac ?-- D'ac !!!-- [Les deux] Grrrrrrrrrrr ! Grrrrrrrrrrrr !
[Fade to black]
Image par Jean Louis Gendrot, son blog se trouve ici

23.9.07

Oh la vache !

Shortcake, ze toute petite vachette miniscule !

Pas plus grand qu'un toutou !

Petite mais efficace, quand même !!!


Eh oh ! On vous a pourtant dit, pas de photo !!!

22.9.07

500

Si tu écris, tu meurs. Si tu n'écris pas tu meurs. Alors, écris.

C'est une adaptation d'une citation de Tahar Djaout, assassiné en 1993, qui lui, courageux, a dit :
« Si tu parles, tu meurs. Si tu te tais, tu meurs. Alors, parle. »

Sans le courage de Djaout,
j'écris quand même,
mon défi au silence assassin.

21.9.07

Pour le dernier beau jour de septembre...

Comment rester fidèle à la certitude dont l'acte d'amour nous éblouit : jouir et connaître ne se distinguent pas. -- Annie Leclerc, Eloge de la Nage

15.9.07

La futilité d'un geste

Tu montres ta perle
Dans un monde qui resplendit
De rubis.

13.9.07

Tu ne veux plus écrire des poèmes par Karel Logist

Tu ne veux plus écrire des poèmes
Tu ne veux pas montrer non plus ton coeur à nu
Tu n'as plus envie qu'on te touche
ni qu'on te prenne par la main, ni qu'on te montre les chemins
Tu ne veux pas de montre-spaghetti
Brève, ta vie écorche ce que tu as aimé.

Il t'a poussé des dents. Tu voudrais autre chose
que la vie en dedans et ces désirs qui n'osent

Tu comprends peu aux mots et au monde à peine plus
Tu uses des uns par jeu et de l'autre sans goût
Pour paraître vivant, tu te traînes debout

Tu ne tolères plus l'idée
que pour certains c'est plus facile
que pour d'autres le temps d'aimer
est plus heureux et dure davantage

Déjà tu ne sors plus
les portes sont blessées
ta bouche mord des mots
des baisers, de la viande

Bientôt tu apprendras
à déguiser ta voix
à masquer ton angoisse
à déglutir des larmes
destinées à la nuit

Comment savent-ils ceux qui savent
combien de ces larmes vaut ta vie ?

(Si tu me disais viens et d'autres poèmes, Éditions Ercée, 2007)

L'eau me refuse

L'eau me refuse.

Elle est froide, elle résiste.
J'essaie de lui rappeler
Qui je suis.

Elle insiste :

On ne s'était pas vraiment connues.
On est quittes.
Je ne te dois plus rien.

Je ressaie :

Mais si, tu te souviens.

Elle réplique :

Pour qui te prends-tu ?
Je ne t'acceptais pas,
C'est toi qui t'imposais.
Moi, je n'ai fait
Que te supporter.

Mais ce temps-là est passé.

L'automne est venu.
Je ne te dois plus rien.

Insolite

Battez-la encore,
il reste un morceau de peau
pas encore flétrie.

« Si tu me disais viens » par Karel Logist

Je viens de recevoir son livre de poésie, Éditions Ercée, 2007, un ravissant cadeau...

Si tu me disais viens
pour arriver ponctu-
el à ton rendez-vous
à l'heure que tu veux
je prendrais un avion
un navire trois trains
puis un taxi de brousse
un chameau un pousse-pousse
le métropolitain
le 10 prioritaire en quittant son arrêt
l'ascenseur hydraulique
le vélo de ma soeur
ou son aéronef
je prendrais le ferry
un ballon dirigeable
un hydravion bancal
un tapis volant perse
un escalier roulant
pour arriver à toi

Si tu me disais viens
pour mieux te retrouver
je prendrais je prendrais
le temps de me faire beau
le temps de faire vite

Pour arriver ponctu-
el à ton rendez-vous
à l'heure que tu me dis
si tu me disais viens
et que je m'en revienne
je prendrais, je prendrais
je prendrais ça très bien
que ce soit aujourd'hui
que tu me le proposes

Le site officiel de Karel Logist se trouve ici : http://start5g.ovh.net/~lefram/karellogist/

12.9.07

Le viellard et la lanterne rouge

[pour Impromptus Littéraires]

Le temps sert à soulager la douleur, il finit aussi par effacer tous nos souvenirs, mais l’image du vieillard et sa lanterne rouge reste brillante dans mon imagination. Elle me revient de plus en plus souvent ces jours-ci, toujours aussi vivide.

C’est celui-là le plus précoce de tous mes souvenirs. Je n’avais pas encore l’âge de parler beaucoup, mais je savais marcher et je me rendais compte que la dame qui me portait lorsque mes jambes ne pouvaient plus n’était pas ma mère. Je tremblais d’une émotion qui m’était jusqu’alors inconnue, plus tard j’appris que les autres l’appelaient Peur.

Quelqu’un avait volé le jour et la lumière et la chaleur, mon petit monde à présent n’était que noir et froid. Je m’étais endormie ou évanouie, et en revenant vers la conscience, j’entendais de longs hurlements. Des bras me tenaient contre un manteau que je ne reconnaissais pas. J’avais envie de faire pipi, mais il n’y avait personne pour trouver le pot, et, finalement, au fond de mon cerveau enfantin, quelque chose me disait qu’il n’y avait pas de pot non plus.

Tout était silence sauf un clak-clak constant et je resombrais dans l’étourderie jusqu’à ce que des voix furieuses me réveillent. Je ne sais pas ce qu’elles disaient, mais en m’ouvrant les yeux contre une lumière de petit jour qui passait par des fentes, je vis un vieillard qui tirait sur un objet. C’était une vieille lanterne rouge.

Je reconnus l’action d’autres mains qui tiraient, elles aussi, sur la lanterne. Des mains m’avaient récemment tirée comme ça de mon lit, un petit garçon avait tiré comme ça sur mon ballon bleu au parc un jour. Je savais que j’avais fini par tomber, là, dans le parc, et d’un coup, je braillais, parce que je m’étais tombée, cette fois-là, et je me suis brûlé les genoux sur les petits caillous. Certains étaient restés dans ma peau, ils piquaient alors comme tout me piquait présentement.

Je hurlai.

Une main couvrit immédiatement ma bouche, une autre pinçait mon bras. Je vis par-dessus des doigts que le vieillard, son visage fondu comme la cire des chandelles sur la table le vendredi soir, encore plié dans un demi-sourire triomphal. Il avait réussi à reprendre sa lanterne.
De nouveau, je perdis conscience et me réveillai encore lorsqu’un poids lourd tomba sur moi. Cela sentait le tabac. Je crus reconnaître le manteau du vieillard. Il y avait encore des voix aiguës, il y avait encore la voix pipante et cassée du vieux.

Tout d’un coup, une grande porte s’ouvrit. Les voix dans la pièce se turent immédiatement et d’autres, rauques, venant d’ailleurs, grattaient mes oreilles. Une voix près de moi s’éléva et puis une autre, et aussitôt, je vis des mains et des pieds qui poussaient mon vieillard vers la lumière.

-- Ma lanterne ! cria le vieillard, déjà disparu dans la lumière.

Je la vis à mes pieds et dans les secondes qui suivaient, je vis le bras d’un gros monsieur qui lança la lanterne vers la lumière.

J’entendis alors, dans le silence choqué, un son que je n’avais jamais entendu et que je n’ai jamais entendu depuis, un peu comme le son d’une pastèque qui s’ouvre sous le couteau, un peu comme un œuf qu’on craque contre le bol afin de déverser son contenu dedans et jeter la coquille.
Le son était suivi par des rires, grands et forts au dehors, petits et étouffés à l’intérieur.

Je ne sais pas pourquoi, mais j’allai moi aussi vers la lumière, un peu bousculée par les jambes des adultes et, arrivés aux bords, moi et les autres vîmes le vieillard, allongé sur le quai dans une flaque de pipi rouge qui arrivait jusqu’aux bords de la lanterne, cassée en morceaux à côté de lui.

Et puis, on referma la porte.

6.9.07

Addio Luciano


« On devrait chanter comme si l'on avait du soleil dans sa voix. » -- Pavarotti


Et on devrait vivre comme si on avait du soleil dans son coeur.

Je t'envoie un bout de soleil.

Tu me manques horriblement.


4.9.07

Morning Sun by Edmond Hopper, 1952.


Les choses évoluent.
Un jour, elle se retrouvera devant cette fenêtre ouverte.
Le soleil du matin ne la jugera pas, il ne fera que briller sur elle.
Elle aura droit à son ombre derrière et devant.
Il fera comme un écran sur le mur derrière elle, un écran qui attend son dénouement.
Dehors, il attendra qu'elle complète sa mise-en-scène,
La tête relevée, pour une fois.
Nuit blanche, jour jaune, habillées en rose,
Les choses évoluent.

Hotel Room by Edmond Hopper, 1931.


Le lit étroit, le livre épais, toute cette lumière qui éclaire le vide du lit,
Les épaules vaincues, la tête baissée, du rouge qui passe pour une bouche.
Elle attend, patiemment. Le fauteuil, fermé comme un poing, la menace.
Elle gardera sa distance, elle ne tentera pas ses chances. Elle restera là,
Sachant qu'on oubliera bien son visage, son corps, cette valise déjà rebouclée.

Automat par Edmond Hopper, 1927.



sous cette lumière
l'ombre des ses yeux
se creuse et les cils
font des croissantes
noires et lourdes,
veillant sur ses joues
encore assez honteuses
pour rougir des fois
quand il le lui faut...

elle réchauffe la tasse
avec ses mains,
cela a toujours été ainsi :
que le noir derrière sa tête
qui devrait représenter la nuit
ne fait que remettre
des auréoles là,
où il faut.

31.8.07

Tengo un corazón





J'ai un coeur mutilé d'espoir et de raison j'ai un coeur qui se lève de bonne heure où il veut ay ay ay ay ay ! Ce coeur est nu d'impatience devant ta voix, coeur, ce pauvre qui ne recueille pas son cordon Je voudrais être un poisson pour toucher mon nez dans ton bocal à poissons et faire des bulles d'amour n'importe où, ohhhh Passer la nuit en bougies mouillé en toi Un poisson pour broder de coraux ta ceinture et rendre des silhouettes d'amour sous la lune, ohhhh Rassasier cette folie mouillé en toi Il chante ce coeur avec une ancre indispensable d'illusion Il rêve ce coeur, ne t'obscurcis pas d'amertume, ay ay ay ay ay Et ce coeur est nu d'impatience devant ta voix, pauvre coeur qui ne recueille pas son cordon Il veut être un poisson pour toucher son nez dans ton bocal à poissons et faire des bulles d'amour pour n'importe où, oohh Passer la nuit en bougies mouillé en toi Un poisson pour broder de coraux ta ceinture et faire des silhouettes d'amour sous la lune, oooohh rassasier cette folie mouillé en toi Une nuit pour nous descendre jusqu'à la fin les yeux dans les yeux, baiser à baiser Et vivre pour toujours mouillé en toi Il voudrait être un poisson pour toucher son nez dans ton pecera et faire des bulles d'amour pour n'importe où, ohhh passer la nuit en bougie mouillé en toi Un poisson pour broder de poivre ta ceinture et faire des silhouettes d'amour sous la lune, ohhh rassasier cette folie mouillée en toi Pour toucher mon nez dans ton bocal à poissons et faire des bulles d'amour n'importe où, ohhh passer la nuit en bougies mouillé en toi Un poisson pour broder ta ceinture du poivre et faire des silhouettes d'amour sous la lune, ohhh vider cette folie mouillée en toi


[Image par hi3 Chanson par Juan Luis Guerra Mauvaise traduc des paroles par moi-self]

29.8.07

Karma

Dans ma prochaine vie, je serai bouchon.

Vivant en haut d'une bouteille de champagne
Enficelé de métal
Mon cap plat me retiendra
Pendant que les bulles
Éventuelles
Me feront des chatouilles fantômes aux pieds...

Un jour, un vieux couple aigri achètera
Ma bouteille
Pour fêter ses cinq ans de cohabitation
(Se retrouvant seulement tardivement dans leur vécu)

Et, après un soir
D'amour vache
(Bon, c'est vieux et mou, mais ça fonctionne toujours, une langue),

Ils claqueront leurs derniers sous
(Naturellement, ce sera une fin de mois sans fin)

Pour le privilège
De me ramener
Chez eux

Là, dans la poussière
D'une piaule mal rangée
Avec leurs griffes
Et un couteau
Et enfin avec les quelques dents
Qui leur restent

Ils arriveront à me libérer

Et je repartirai,
Chouing
Comme une fusée
Dans un trajet de joie

J'irai crever l'oeil à elle

Et lui,
Bouche bée
Qui fera preuve
De ses dernières ratiches
Se cachant derrière
Ses maigres babines
Gluantes,

Rira enfin
Aux grands éclats.

(2005)

28.8.07

Sept mots

[suivant une consigne sur Impromptus Littéraires, il fallait incorporer sept mots dans un récit. Voici mon résultat -- qui ne casse pas de briques, hélas...]

On l’avait baptisé Orion le lendemain de son arrivée chez nous. Papy, déjà un peu vague à l’époque, égarait toujours ses pantoufles, et le jeune chiot marron et noir a gagné son nom de chasseur ce premier week-end où il a retrouvé, pour la troisième fois, les charentaises de mon grand-père.

Ce chien était plus sûr qu’un GPS, il ne se perdait jamais, et il ne permettait jamais aux autres de se perdre. Bien des fois, il me ramenait des bois dans le crépuscule après une journée que j’avais passée perdue dans une de ces rêveries adolescentes connues pour leur sensualité. Je ne faisais jamais attention à l’heure ni au fait que le soleil descendait de plus en plus bas vers l’horizon, mais mon beau berger allemand, lui, n’oubliait jamais son devoir : celui de me ramener saine et sauve à la fin de chaque randonnée.

Normal alors qu’Orion m’accompagne lorsque j’ai définitivement quitté la demeure familiale pour aller m’installer dans un village assez loin. Papy était décédé, mes parents voulaient voyager, et c’était logique que cet ami de ma jeunesse viendrait vivre avec sa copine de toujours, dans la petite maison au petit bourg perdu. Ensemble, on a commencé notre vie de professeur d’anglais et son chien.

Il jouait ce rôle comme toujours, noblement, toujours prêt à m’accompagner lors d’une promenade le soir ou le week-end. C’était lui qui m’accueillait toujours à la porte, les yeux noirs brillants, un petit bonsoir gémi doucement pour me dire qu’il était content de me revoir. Dans la bonne tradition de la famille, c’était lui qui cherchait mes pantoufles ou mes sandales lorsque je me mettais à me décontracter après une longue journée devant mes classes parfois contrariantes et toujours exigeantes.

Et puis, un soir, Orion n’était pas là devant moi dans la cuisine quand je suis rentrée. Je l’ai retrouvé couché devant la cheminée au living. C’était la première fois en quinze ans qu’il n’était pas venu m’accueillir à la porte.

Le véto a vite trouvé le problème, un cancer déjà la taille d’un gros abricot. Il n’y avait rien que je pouvais faire pour mon ami, sauf l’aider à sortir de son déclin qui promettait d’être rapide et douloureux. J’ai beau regarder mon agenda, je ne voyais pas les pages. Ce n’est jamais facile de trouver une date pour la mort.

Le lendemain, Orion et moi avons fait notre dernière promenade ensemble, la première où il a manqué de me ramener dans le crépuscule. Je suis rentrée seule et perdue, sa laisse toujours dans ma main, pour me guider, faute de mieux.

Ce n’est qu’en ouvrant la porte que j’ai vu ma tong rouge qui avait disparu dans le tracas de la rentrée. Ce jour-là, son dernier, Orion l’avait retrouvée et laissée où il savait que je la verrais à travers ces larmes qui tombaient comme des flèches d’un chasseur perdu.

27.8.07

Trumpeter swan

Moi, j'étais le roi des marais
Des prairies,
Natif,
Mais on m'a chassé
On m'a abattu
On a mangé ma chair
Afin que je donne vie
Aux envahisseurs.

Et maintenant,
Je reviens,
Riche en héritiers.
Je trompette mon retour
Parmi les vivants,
Mais je vis encore
Derrière une grille.

Et toi,
Quand seras-tu de retour
Devant ou derrière
Ta grille ?

À l'eau !!!




26.8.07

25.8.07

Mais c'est un scandale !!!

Poing sur la table,
Voix rauque grattant le micro :
Au revoir Raymond.

24.8.07

Je me promenais

Je me promenais dans la pluie en pensant à toi goutte à goutte, moi, ta
plouque, moi ton fondant fondé sans fonds, moi ta foi, moi, ton toi --

Je me promenais dans la pluie en pensant que tu pars sans me voir, sans me
fuir, moi, ta fière, moi ta fantasme, fantaisiste fan, moi ta joie, moi, ton
toi --

Je me promenais dans la pluie en pensant que la pluie ne m'ennuie que d'une
nuit, moi ta nuisée d'une nuitée, en nuisette, moi ta nue, mal tenue, moi,
ton toi --

Et toi, tout mon moi, toute ma mue, toute ma joie, toute ma glu, tout mon
homme, toute ta gloire, tout ton tout --

Je me promenais vite dans l'espoir de te voir, de t'avoir, tout à moi --

Je me promenais, promenais, promis, promise, promu, probée, prolo, procès,
propos --

Et toi, mon émoi, mon amour, mon amour, mon amour --

Mon amour, mon grand toi, mon amour --

Je me fonds dans ton toi, dans ton tour, dans ton toi --

Mon amour --

Je me fonds, je me fonds, je me

Promenais, promenais, promenais, là,

Dans la pluie.

(2004)

23.8.07

Bonne nuit

Ceci est un conte de fée
À qu'on plie.

Il était une fois
Une mauvaise foi
Sans cesse.

Cette foi était à ronger
D'avance par un méchant
Chanteur charmant chantant
Mes chants.

(Je vous ai bien dit
qu'il était méchant,
ce charmant menteur,
marmonnant méchamment
mes chants.)

Bon.

Où en étais-je ?
Ah oui, la fois
Où j'allais te raconter
Un conte conté par un
Rat.

Bon.

Il était une fois
Un rat.

Ben non, rien d'autre,
Un rat, sans rien d'autre,
Nu comme un ver,
Car sinon, ce serait
Raté.

D'accord ?

Non mais !

On recommence.

Il était une fois
Un compte de fée.

Elle devait déjà beaucoup
Au comte, qui aimait
Et qui ne comptait
Donc pas.

Ce qui a fait que la fée
N'avait plus de compte,
Ni de comte.
Ni de conte.

Non, pas de fée.
Non, pas de rat non plus.
Des vers ?
Ben non,
Qu'est-ce que tu racontes ?

C'est bien un conte
D'effet,
Mon chéri.

Comment ?
Tu dors déjà ?

(2002)

22.8.07

Idylle

Parvenir,
Souvenir

À venir.
Devenir

Vernie
Vers nous,

Vérifie
Ce qu'en nous

Ce qui noue,
Véridique,

Vers l'idylle
Nostalique.

Dis qu'on vient
Disconvient,

Nous dénoue,
Nous laisse nus.

Découverte
Imprévue,

Revenue,
Survenue,

Tant voulue,
Tant voulue.

(2004)

21.8.07

Murmures sur l'oreiller

chuchotis insoumis
sensuels, graduels

-- Chérie, que fais-tu, t’as vu l’heure ? Éteins cet ordi et viens te coucher.

-- Oui, minute…

brin de satin
kyrielle de dentelle
velours à rebours

-- Qu’est-ce encore, c’est pas ce groupe littéraire ?

-- Ben si ! Je voulais juste voir…

reflets
ombres
lumières

-- C’est quoi le sujet cette semaine ?

-- Eum…des écrits érotiques…

courbes et creux
secrets soyeux

-- Tu écris ou tu lis ?

-- Ben, les deux, quoi.

une pause
pour respirer
son parfum

-- Les deux ? Tu veux que je t’aide ?

-- Non, ça va…mais arrête de me faire des chatouilles…

propos propices
douceurs, délices

-- Mais ceci, ma chérie, personne ne parle de ceci ?

-- Mmmm….non.

effleurements, glissements

-- Et ceci, ma douce… hein…

-- Mmmm…

essences
indécences

-- Ou encore…ceci…

-- …

silences
décadences

-- …

-- …

murmures sur l’oreiller
Ma traduction de David Whyte, extrait de "Sweet Darkness"

Quand tes yeux sont fatigués
Le monde est fatigué aussi.

Quand ta vision est partie nulle part du monde ne peut te trouver.

C'est l'heure d'aller dans le noir où la nuit a des yeux pour reconnaître les siens.
Là, tu peux être sûr que tu n'es pas hors la portée de l'amour...

Parfois il faut le noir et la douce détention de ta solitude pour apprendre
que toute chose ou toute personne qui ne te met pas en vie
est trop petite pour toi.

20.8.07

Je patiente encore

Il est partialler
jouer
de la musique
me laissant là
dans les échos de silence
qui retentissent dans le calme
d'un beau rythme

Il est partialler
s'éclater
avec ses copainscopinescopieux

Il est partialler
en me laissant
ce bisou que je sens
toujours sur mon oreille,
celle dont il a tracé la courbe
en me chuchotant sa muse- t'esbelletoi- zik

Il est partialler
mieux pour enfin
revenirrester

(2003)

19.8.07

Ce soir, la nuit, la pluie sont tombées

Elle aussi, lui autant
Eux sont tombés du ci-dessus
Sont tombés des ice-lieux

La chute de grâce
Grâcieuse

Ce soir, lui la nuit
Elle la pluie
Lui noir et sombre
Elle liquide

Chaleur
Fraîcheur
Rosée
Délicieuse

Ce soir, la nuit la pluie
Sont tombées
Amoureuses

La chute,
De grâce,
Gracieuse

(2004)

Adieu l'orme


Adieu l'érable


Loin de là, à travers les champs

Loin de là, à travers les champs labourés
Tu te promèneras, les pieds nus dans l'argile.
Les mouettes tourneront autour des sillons retournés
En cherchant des vers exposés, en cherchant, facile.

Toi, la tête libre, les épaules hautes et rejetées,
Ton profil se reposera contre le ciel d'acier blafard.
Ton pouls battera au bout de tes tempes relevées.
Le rythme de ton coeur nu au monde, à son regard

Scrutateur, qui relevera tes folies passe-bas,
Le soleil qui fera étinceller les poils grisâtres :
Tu ne t'en iras pas, tu ne t'excuseras pas.

La joie qui a fait jaillir tes amours acariâtres,
Grandes et bleues qui vibraient de haut jusqu'en bas
De la voix à l'autre bout de tes combats douceâtres.

(2003)

17.8.07

Ma journée en 2050

Le 18 août 2050, je me réveillerai lorsqu'une petite brise soufflera quelques-unes de mes cendres et les fera traverser les Champs-Elysées ou encore la Grand-Place à Bruxelles et même la surface de mon étang, à la nage. Quelques-uns de mes atomes arrêteront sur un grand café crème, d'autres sur la tartine d'une autre Américaine qui déjeunera sur la terrace d'un hôtel avec son amoureux. Leurs yeux se souriront calmement, et cela me rappelera toute la joie que m'ont apportée des reflets dans les yeux que j'ai connus dans ma vie. Mon fantôme ira gratos au cinéma, je me sentirai bien dans la salle obscure devant la lumière vacillante devant l'écran, je savourerai les mots, les gestes, les images, des échos du temps où j'étais en vie. Tard dans l'après-midi, quelques-unes de mes molécules iront s'installer devant l'horizon, guettant encore un de ces épatants couchers de soleil, me rafraichissant et me réchauffant à la fois par leur beauté changeante mais éternelle. La nuit, mes restes -- atomes, molécules, cendres, fragments -- se coucheront où ils pourront, se félicitant de la parfaite liberté qu'ils ont enfin de se promener partout dans le monde, dans le vent.

Braises

De loin, je vois des flammes vivement jaunes, propres, intenses, je sens presque leur chaleur à un kilomètre de loin, ineffaçables contre le ciel qui se noircit. Sans doute, c'est un bâtiment qui brûle, une vieille dépendance quelconque, perdue, abandonnée à la brousse. Curieusement, il n'y a aucune fumée. Ce feu est propre, contenu, correct. Il se surveille, il se retient. C'est un incendie maniéré qui consomme ce qui est à lui, pas plus, pas moins, nettement, délicat mais formel dans son travail, précis : une conflagration qui se garde à elle, évitant la promiscuité des champs desséchés attendant la verdure du printemps. Devant cette beauté impérieuse et efficace, je frémis en rentrant pour me blottir contre une peau rugueuse qui me rallume.
(2005)

16.8.07

On ira, toi et moi

On ira toi et moi graver nos noms
Sur l'écorce de ce bel arbre au fond des champs
Celui qui nous garde au frais
Qui nous murmure ses doux chants
Qui nous bercent de calme et de paix
On ira toi et moi graver nos noms

On ira toi et moi boire de cette eau à la source
Claire qui roucoule en bas de l'arbre au fond des champs
Celle qui nous désaltère au frais
Du sol qui nous murmure ses balbutiements
Qui nous bercent de calme et de paix
On ira toi et moi boire de cette eau

On ira toi et moi nous coucher sous les étoiles qui scintillent
Au-dessus de la source de l'arbre des champs
Celles qui nous sourient au frais
Du soir, qui nous épient dans nos amours
Qui nous comblent de calme et de paix
On ira toi et moi nous coucher

(2002, 2007)

15.8.07

Spring Grove, MN


Chercher le paradis un dimanche après-midi au Mid-West, c'est pas évident, alors en traversant la ville de Spring Grove, Minnesota, tu verras toutes les portes verrouillées même celles de chaque église, faut bien que Dieu même Celui des luthériens fasse sa sieste, Lui aussi, le dimanche dans l'aprèm, où même les géraniums dorment au-dessous des fenêtres cadrées en bleu, alors, en traversant la ville de Spring Grove, Minnesota, un dimanche ensoleillé de septembre, en soif du paradis, tu verras toutes les portes verrouillées sauf celle du magasin d'alcools...

Épouvante

C'est là, à la fin du polaire,
Où le fantôme vient bouffer les os
De la victime

Où l'on peut lire
Dans les flaques du sang
Qui coulait

C'est là où elle a pu
Tracer ses initiales
Rouges

Qu'on peut voir les pas
Du héros qui traverse
Le salon

Histoire de se verser
Un cognac parfumé

C'est là où le vampire
Ressort de l'armoire
La croix

Dans sa main
En poussant des fous-rires
En hurlant, la lune pleine

C'est là dans ce sous-sol
D'émotion, enveloppé
Dans les toiles d'araignées

Que tu me dis, sang-sue,
Que tu ne m'aimes
Plus.

(2004)

Ce qui reste...

13.8.07

Genre

Savoir que
Rien n'est
Neutre

Se rappeler que
La parole
Est féminine

Apprendre que
Le silence
Est masculin

(2002)

Dans le silence de la nuit profonde

Dans le silence de la nuit profonde
Se cachent les petits secrets
Qui ont peur et froid et soif et faim

Tu fais partie d'une drôle de fronde
D'étincelles qui font les reflets
Faits de la soie, du voile de daim

Et tu voulais que moi, je ponde
Un oeuf, une perle et des déchets
Le son de la joie du coeur d'essaim

(2004)

10.8.07

Poème rejeté

À la place Sainte Marthe, couleurs et affaissement :
Ce petit coup de blanc n'y restera pas trop longtemps
Devant les portes de fer, les grilles, la dentelle du balcon
Métallique qui encadre le rouge des géraniums…

La rue te serre comme un amant, en rose,
Qui cherche à te bercer, te garder au chaud,
Te choyer, te chérir, te garder au jaune, au mauve délavés
Par ce soleil qui se cache sous une couverture douce et râpée.

Cette place, tu la connais, c’est une vieille palette
Qui te murmure. En douceur elle te guette.
Tu t’y trouves, t’y retrouves, t’y amnisties.
Une pénombre te délaye, tu t’y confies.

Et puis, tu t’y noies dans ces yeux, dans une ombre
Qui te berce, qui te choye, qui te garde sans encombre.
Au chaud d’articoeur qui ne saurait qu’aimer,
Qui ne saurait qu’aimer, qu’aimer léger, orangé.

À la place Sainte Marthe où retentissent les rires
Les soupirs, les nuances, les teintes, les désirs,
On y voit toujours les couleurs, les couleurs :
Coup de blues qu’on y restait si peu, si longtemps.

Poème accepté

Une écrivaine vit une consigne
Qui lui sembla de belle taille.
Elle, qui n'était pas douée en tout comme une artiste,
Envieuse, s'étendit, et s'enfla, et se travailla,
Pour égaler les œuvres en vedette :

Elle prit un pinceau,
Le trempa dans l’eau.
Disant : « Regardez bien ma soeur;
Est-ce assez ? dites-moi; n'y suis-je point encore ? »
-- Nenni.

Elle prit un pinceau,
Le trempa dans l’eau,
Saisit une palette,
Béret, cigarette.
Chevalet bien planté
À Montmartre ! « Ohé !
M'y voici donc ? »
-- Point du tout.

Elle prit un pinceau,
Le trempa dans l’eau
Saisit une palette,
Béret, cigarette
Chevalet bien planté
À Montmartre ! Eh ! Ohé !
Gouaches ! aquarelles !
Inimitables, immortelles !
--M'y voilà ?-- Vous n'en approchez point.

Le chétif effort
S'engoua si bien qu'elle creva.

Le monde est plein d’artistes qui ne sont pas plus sages:
Tout amateur veut dessiner comme les grands maîtres,
Tout petit paysagiste a des supporteurs.
Toute écrivaine veut peindre des images.

Cherokee Four-Niner Foxtrot

petit coucou
bleu et blanc
cicatrisé
par le temps
hélice, délice,
machine propice
s'envole en cocon
perçant le coton
bleu sur vert
pied-à-terre
dans l'air où l'on erre
retour tout doux
petit coucou

9.8.07

Sciures

Les branches, subtiles,
Ont laissé de grands trous
Dans la terre

Et sur ma peau
Des égratinures,
Des bleus.

Elles se soumettent
Silencieusement
À mes attentions,

Mais pas sans vengeance,
Un peu comme les ongles
D'un cadavre
Qui griffe
Sa veuve

Afin de lui dire :

Toi, je t'en veux,
Toi qui n'as pas
Encore arrêté
De sentir la douleur.

7.8.07

Dieu que c'est beau...


Dieu que ça fait peur !!!

Nature meurtrière


Elle a tué mon érable.

5.8.07

Échappatoire

Escapade
 dérobade,
excuse,
faux-fuyant,
fuite :
prétexte, subterfuge.

Pirouette, reculade.

Volte-face.

Atermoiemant.

Tergiversation.

Débâcle, débandade, déroute, panique, sauve-qui-peut.

Synonymement,
Asychrone,

Une fuite est une fuite est une fuite.

4.8.07

Au point de départ

En partant au soleil, viens poser valise
Sur mon seuil dépouillé, nu sous mille feuilles
Ton regard tranquille, servant de balise
Polit la nature, et toi qui t'endeuilles.

Tu t'habilles donc en noir, noir sera de mise
Et moi et le soleil dansons aux chèvrefeuilles
Qui se dénuent, pudiques, modestie exquise,
Comme les colchiques que là tu effeuilles.

Ahuri, le soleil s'en lassera aussi
Il reprendra chemin nous laissant nos rêves,
Reflets chimériques, l'automne assoupi.

Tes voiles s'envoleront, ton déplaisir aigri
S'oubliera ainsi en blancheur sans trêve.
Le soleil reviendra, en amoureux transi.

Lost in Translation

Francis Petrarch, Le 1er Sonnet (Le Secret)

Toi qui entends dans des rimes éparpillées le son de ces soupirs
desquels j'ai nourri mon coeur pendant ma première erreur de jeunesse,
quand j'étais en partie un autre homme de celui que je suis à présent :

pour le style varié avec lequel je pleure et je parle entre
les espoirs et la tristesse vains, où il y a quelqu'un qui
comprend l'amour de l'expérience, j'espère retrouver la pitié,
pas seulement le pardon.

Mais maintenant je vois bien comment depuis longtemps j'étais le sujet
des potins de la foule, pour lequel, j'ai la honte de moi en moi ;

et de mon délire, la honte est le fruit, et la pénitence, et
le savoir clair que tout ce qui plaît dans le monde est un rêve
très court.

3.8.07

Cannonball par Damien Rice

Aux beaux ah !

(pour Arnaud)

je laisse échapper
des mots
là où je trouvais
toujours trop beau
pour mes paroles

le meilleur substitut
pour l'esprit
est le silence

mais cette fois-ci
c'était plus fort
que moi

(Son blog : http://arnaud-maisetti.blogspot.com/)

Chante nylon fébrile


Jamais deux sans trois...

Mais ils font exprès, je trouve !!!


Deuxième poème sorti de la boîte...